Ça nous marque. Lefranc Bourgeois : "Les Français se sont remis à la peinture pendant le confinement"
Depuis le mouvement impressionniste, la marque Lefranc Bourgeois fait chanter les couleurs. Gauguin, Matisse, ont célébré cette entreprise qui jusqu'en 1965, s'appelait Lefranc, et la marque Lefranc Bourgeois a été rachetée en 1984 par un industriel suédois. Le groupe est désormais parmi les leaders mondiaux dans les peintures pour les beaux-arts.
Thierry Collot, directeur de Lefranc-Bourgeois est l'invité d'Olivier de Lagarde. Lefranc-Bourgeois, aujourd’hui propriété du groupe suédois ColArt est le n°1 français des peintures pour les beaux-arts. L’entreprise qui emploie 400 personnes dans son usine du Mans, fabrique chaque année 15 millions de tubes de couleurs.
Une opportunité de bon voisinage
C’est au XVIIIe siècle que l’histoire commence. Lorsque Jean Siméon Chardin, le grand peintre de genre et de nature morte, vient demander de l’aide à l’apothicaire qui a son échopppe en-dessous de chez lui. À 50 ans passés, il n’arrive plus à fabriquer sa peinture. À l’époque effectivement, elles n’existent pas dans le commerce.
C’est donc pour lui être agréable que Charles Laclef, ancêtre de la famille Lefranc, entreprend de fabriquer ses premières couleurs en 1720. C’est un succès. 30 ans plus tard, ce chimiste passionné devient fournisseur des peintures du Château de Versailles. Mais il faut attendre la moitié du XIXe siècle et Alphonse, puis Alexandre Lefranc, pour que l’entreprise décolle.
Un tube comme succès…
La famille Lefranc n’est pas l’inventeur du tube de peinture à bouchon à vis, mais c’est elle qui va y croire et cela va révolutionner la peinture. En 1859, un jeune américain vient présenter à Alexandre Lefranc un prototype. Les Anglais n’ont pas compris son intérêt, lui si !
Jusqu'à cette invention, les peintres ne sortent pas de leurs ateliers. Lorsqu’ils peignent un paysage, c’est à partir de croquis ou de mémoire. Le tube à vis va leur permettre d’emmener leurs couleurs où bon leur semble. Cela tombe bien, ceux que l’on appellera bientôt les impressionnistes font du rendu de la couleur et de la lumière réelle, leur cheval de bataille.
1885, l’heure est à l’industrialisation. Le fameux "jaune de Naples" est désormais vendu en Belgique en Allemagne et… en Italie.
Le mariage des frères ennemis
L’un des principaux concurrents de Lefranc est la maison Bourgeois. Au XXe siècle, c’est elle qui a développé la "peinture Flashe", première gouache véritablement moderne de l’industrie des Beaux-Arts. Elle développe aussi sa marque de peintures industrielles "Ripolin".
En 1965, dans un contexte concurrentiel de plus en plus difficile, les deux maisons décident de fusionner pour donner naissance à Lefranc Bourgeois. Elles s’installent au Mans, où demeure encore aujourd’hui le siège social de l’entreprise.
Une crise ? Quelle crise ?
La crise du Covid n’aura pas frappé tous les secteurs économiques de la même façon ; sans aller jusqu’à dire que Lefranc Bourgeois a profité de la crise elle n’en aura pas pâti.
"Le confinement a amené beaucoup de Français à reprendre la peinture ou à démarrer l’expression artistique", explique Thierry Collot.
C’est plutôt le grand public qui est concerné, on le voit, car ce sont les sets de peintures qui se sont très bien vendus, et clairement, l’année 2020 a révélé pour notre activité de nouveaux consommateurs.
Thierry Collot, directeur de Lefranc Bourgeois
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