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Tous contre la haine

Elles reviennent sur le devant de la scène. Les grandes associations antiracistes lancent leur campagne nationale samedi, sur les réseaux, à la télé et au cinéma. C'est leur revival.
Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Un rassemblement de la LICRA dans les rues de Lyon © MaxPPP)

Mais ou étaient-elles passées ? On se souvient bien sur, si on a un peu de mémoire, du  temps où l’on pouvait (et on le faisait) se reposer sur ces associations.  La Licra, le Mrap, Sos Racisme, la Ligue des Droits de l’Homme étaient nos pieds et nos jambes, à force de battre le pavé, souvent à notre place. Ces inlassables combattants, étaient, nos cœurs et nos cerveaux, quand ils s’appliquaient à rédiger des tracts comme on concocte des opérations coups de poings. Ou des tribunes libres, comme on façonne des pamphlets sur les traces de Victor Hugo. 

Mais ou étaient-ils ?

J’avoue que mon cœur a un peu tremblé, quand je les vus, un peu vieillis, les cernes un peu plus grandes, dans ce cinéma parisien, pour cette conférence de presse.  Et je leur ai demandé : "Ou étiez-vous passés ?" Loin de se laisser ébranler, le Président de la Licra avoue : "C’est vrai. On a un peu raté le coche. On a eu du retard à l’allumage, surtout concernant notre présence sur les réseaux sociaux"

Il bat sa coulpe. Mais pas trop longtemps.  Car Alain Jacubowicz, cet avocat, grand défenseur des droits de l’homme, a l’ego d’un vainqueur des grandes causes. "On  a aussi été ringardisés. Et, il faut le dire, c’est devenu difficile de faire venir des jeunes dans nos associations".   Un-zéro. Balle au centre.

À côté de lui, le président de Sos Racisme, récupère le ballon. Car, oui, je réponds aux mauvaises langues, Sos Racisme existe toujours. Et peut être, plus que jamais.  En tout cas, Dominique Sopo, toujours prof, toujours intello, vient de reprendre les rênes du mouvement. 

Se revoir ne m’a pas rajeunie

Et en même temps, que de souvenirs. Que de débats… "C’est pas facile , avoue t il. Mais on croit au terrain. Et au petit travail de chacun. Chacun doit avoir conscience, surtout depuis le 13 novembre qu’il  doit faire quelque chose."   Lui non plus, n’a pas l’intention de battre sa coulpe trop longtemps. Personne ne peut nier les quelques rides que nous avons prises. Mais, sans rire, je le dis, ce sont simplement, les marques de l’expérience. Cette maturité, dont nous allons avoir cruellement besoin, dans les mois qui viennent.  Pour que cette division de la société, souhaitée par les terroristes, n’advienne pas. Pour que cette récupération du drapeau ou de tout symbole de rassemblement, par l’extrême droite, soit contrée. Pour que les histoires Merah… Charlie…13 novembre… entrent à jamais, au rayon Histoire de France. Oui, il va falloir de nouveau, comme au bon vieux temps, s’appuyer sur ces vieux combattants, afin, justement, de ne pas se tromper de combat et d’ennemis. Maintenant qu’ils ont découvert internet, c’est leur revival. On peut les liker, sans modération. 

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