Soldes : pourquoi pas tout gratuit ?
Du côté de la gare Saint Lazare, le soleil a mis des femmes, en émoi. "Je viens en vitesse, avant d’aller bosser ... faut dire qu’avec ce temps, ça donne envie de se payer quelques robes… " "Quelques " ? Rien que ca.
17 degrés, 18 degrés, ça bout, aussi, à l’intérieur des boutiques. "On a lancé la clim’ "
Moi : "Ah oui, carrément ! Mais vous savez que ça ne va pas durer, ce beau temps ? '
Lui, grand sourire : "Je m’en fiche. Faut attirer la clientèle, coûte que coûte. On a fait une saison pourrie. Je joue mon va tout, là ! "
Moi : "Et vous démarrez à 50% ? C’est énorme ! "
Lui : "Pas l’choix ! Vous allez voir, ça va marcher. "
Je regarde, je mate les allées venues
La dame pressée
"Alors, ces quelques robes ? Vous en êtes où ? "
Elle : "Attendez, je n’ai pas encore achetée ! Je dois parler au vendeur. "
Moi : "De quoi ? "
Elle : "Du prix: "
Moi : "Mais, c’est déjà en solde : moins 50% ! "
Et je la vois, ce ne sera pas la seule de la matinée, s’approcher du monsieur. Et lâcher : "Vous pouvez pas me la faire à 70% ? " Lui, embêté : "J’aimerais bien, mais bon, quand même pas, le premier jour des soldes ! " Elle insiste. Moi, soufflée : "Vous bargainez donc ? Comme une marchande de tapis ! " Elle, pas gênée pour un sou : "La vie est trop dure, l’année a été trop pénible. Je tente TOUT. Et puis, y a encore les vacances d’été à payer, pour toute la famille. "
Moi : "Ben… faites des choix ."
Elle : "Mais il est fait mon choix : je veux TOUT : les robes et les super vacances. " Cette femme a la pêche, dopée par le soleil et la chaleur, rien ne l’arrête. Je vais voir le vendeur (un rien cafteuse).
"Elle exagère, non ?"
"Non. Les gens ont changé de façon de consommer. Ils veulent des soldes, tout le temps, pour tout article. Et des soldes de plus en plus élevés. " Je me dis que, à ce compte, bientôt, tout sera gratuit. Ah oui… Belle idée, … dans un monde libéralo-crypto-communiste-égoïste-mégalo (Ben pourquoi pas ce mot ? J’ai bien le droit d’inventer un nom de parti politique, moi aussi ) : donc, dans ce monde, tout serait gratuit. Parfois, on troquerait nos affaires. On marchanderait pour un paquet de bonbecs, ou un litre d’essence. Chaque achat deviendrait une bataille, ce serait la guerre des soldes
On revendiquerait notre dû, non-stop, ce serait un sport national. "Et si vous n’obtenez pas vos 70%, vous allez faire grêve ?" La dame, très en forme, rit. "Je ne sais pas, j’me tâte ... ou une bonne grosse manif. " Je me mets alors à imaginer, les casseurs, distribuer leur butin, a des filles qui veulent des robes, et des vacances en famille. Des briseurs de vitrines devenus du robin des bois, avec des casques noirs. Ce serait les soldes des radicaux. La générosité serait bradée, mais toute l’année.
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