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C'était comment ? Si tu rates ta béchamel, t'es un nase !

La Fête de la gastronomie, c’est bientôt, les 23, 24 et 25 septembre. Cette année, le thème sera "La cuisine populaire". En guise d'apéro, Nathalie Bourrus a suivi un colloque bien pensant sur le sujet.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Sauce Béchamel en cours de réalisation. (JEAN-BLAISE HALL / MAXPPP)

C’était... pas évident. "Dans les années 80, 90, on va commencer à regarder la cuisine comme un patrimoine", explique, à la première table ronde, un sociologue de l’alimentation. Oui, ça existe. "Par exemple, lance ce décortiqueur, les bouchées à la reine sont nées pour éveiller les papilles de quelques dames qui s’ennuyaient. Puis, ces bouchées de béchamel sont arrivées sur les tables"

Bel exemple de met populaire, car pas cher à fabriquer. C’est un bon début. "Une béchamel, à l’époque, il fallait que la cuillère reste plantée dedans pour qu’on dise qu’elle était bonne", ajoute une journaliste. "C’est sûr, c’est comme la blanquette, la façon de la faire à évoluer, et heureusement on s’adapte, on mange plus allégé", renchérit une spécialiste.

"En fait, la cuisine populaire, c’est la nécessité de retrouver un regard qu’on avait perdu…c’est la cuisine du bon sens", dit un autre journaliste. Il m’achève. Ça me rappelle la pub "Le bon sens près de chez vous". C’était pour une banque, je crois.

Ma voisine commence à gigoter sur sa chaise. "Le bon sens ? Mais quel bon sens ? Le leur, on dirait…"

Moi, surprise (car la salle parait acquise à la cause) : "Ça semble vous déplaire ?"

Elle : "Disons qu’on en parle pas beaucoup, du peuple, depuis tout à l’heure. Qui cuisine la béchamel, aujourd’hui ?"

Moi (qui ne sait pas en faire une, et j’espère vivement que ma mère ne m’écoute pas ): "Ben, tout le monde !"

Elle : "Non, ça prend plus de temps qu’on ne le pense et puis, ça se rate, une béchamel"

Et c’est pour cela qu’il faut apprendre aux enfants, très tôt, à aimer les bonnes choses et faire en sorte, absolument, qu’ils sachent faire une béchamel, au lieu d’aller s’éclater, en boîte.Quelqu’un dans la salle, évoque les cours de poissonnerie qu’il donne à des touts petits, en maternelle. Une autre lance : "Il faut toujours parler à son boucher !"

Dans ce plaidoyer, autour de l’évidence absolue que la cuisine est chaleureuse, collective, rassembleuse, et bien sûr populaire, une dame va venir troubler ce bon sens près d’chez vous. Elle se prénomme Mireille.

"En fait, il faut savoir que les personnes dans la précarité vont aller vers les plats tout préparés." Silence. Cette dame est conseillère en économie familiale. "Oui, ces gens, il y en a beaucoup de nos jours. Ils vont aller dans les magasins, acheter des choses toutes prêtes, pour se valoriser, pour montrer un pouvoir d’achat"

L’animateur : "C’est très violent ce que vous dites, cet abandon de la cuisine"

Elle : "Oui, et c’est très courant. Et, bien sûr, il y a aussi le manque de temps et d’espace, ça ne pousse pas à la créativité"

L’animateur et ses invités restent sans voix.

Ma voisine : "Il est là le bon sens ! Dans ce qu’elle vient de dire."

Je ne sais pas, si c’est le BON sens, mais c’est le sens de la réalité. Aussi cruelle, qu’une béchamel ratée, ou qu’une blanquette de grand-mère complètement cramée.

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