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Les agricultrices, ces oubliées

Les agricultrices se réunissaient aujourd’hui, à Paris pour leur AG annuelle, au siège de la FNSEA, le syndicat majoritaire. Pascale Boistard, secrétaire d’État aux droits des Femmes, est venue les écouter, et souteni ces femmes, un peu, abandonnées.
Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Réunion à Paris des agricultrices © Radio France / Nathalie Bourrus)

C’était touchant de voir ces femmes aux mains qui ont vécu, aux visages plus âgés que prévu, devenir des petites choses perdues quand elles parlent de leur vie. "On en a pas, en fait, de vie. il n’y aucune séparation entre vie privée et vie professionnelle. On n’a pas de temps à nous. Ca n’existe pas les loisirs. On ne s’en sort pas avec les enfants à élever. "

N’en jetez plus. Le sac est plein. Et se déverse sur les épaules d’une ministre venue justement, les épauler

Pascale Boistard, n’a pas l’intention, dit-elle, de les lâcher. C’est leur AG de l’année. La secrétaire d’Etat chargé des droits des Femmes est venue les écouter. Elle leur parle d’un plan en quatre points : le plan pour l’entreprenariat féminin.

"Vous avez droit à des prêts bancaires. Le problème, je le sais, c’est la crédibilité auprès des banques ."

Une ministre cash

"Il peut encore arriver, lors de rendez-vous, je le sais, qu’on vous dise : ou est votre mari ? ", raconte la ministre.

Toutes opinent du chef.

Le sac se vide peu à peu.

"Il existe un fond de garantie pour les femmes, sachez-le. C’est pour les quartiers sensibles, et les zones rurales ."

Elles ont l’air de découvrir.

L’une d’elle : "On manque d’informations. Moi, je suis en région Paca ."

La ministre : "Il faut voir avec les préfectures, c’est elle qui gèrent ca ."

L’agricultrice : "Mais en région Côte d’Azur, les préfets, ils changent tous les ans ! "

Rires dans l’assemblée

Une région, en effet, légèrement, sous les feux des projecteurs, depuis  dimanche, d’où les rires. "Mais la préfecture, répond la ministre, elle ne change pas de place ! Ça s’appelle la continuité de l’Etat. Donc, allez-y, il ne faut pas hésiter. Et vous aurez un accompagnement, pendant trois ans, parce qu’on le sait, il y a souvent des difficultés qi vous voulez vous lancer, sans votre mari. "

De nouveau, elles opinent du chef.

L’une prend la parole : "Sur nos vies privées, je voulais en reparler. En fait, y’a pas d’ouverture, je ne vois pas de solution, nulle part, je ne vois pas. "

La ministre la fixe, un peu chavirée par ce désarroi.

Femmes aux emplois du temps de fou, femmes qui n’ont pas de temps

La ministre : "Mais vous pouvez vous faire remplacer parfois. "

La dame : "Le problème, c’est le repli sur soi. Au fur et à mesure, on se replit, on s’isole. "

La ministre : "Oui je comprends, le repli, la solitude. Il ne s’agit pas de mener une guerre contre les hommes, pas du tout. Il s’agit de se faire respecter. Mettez-vous en réseau. Je vous souhaite beaucoup de solidarité, et de sororité. "

Sororité

Un joli mot, rarement utilisé, un mot pour désigner les âmes sœurs. Ces femmes qui s’attachent entre elles

Parfois, à défaut d’arriver à se détacher de leur homme, ou de leur vie.

Femmes sœurs, aux mains d’argile, et au cœur fragile

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