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Le jour ou j'ai rencontré Bowie

David Bowie est mort. Cet immense artiste avait 69 ans, il venait de sortir son dernier album, comme un testament. Quand on a approché cet homme, on n'oublie jamais. C'est mon cas.
Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (David Bowie, fin des années 80. © Harrison Funk/ZUMA Press/Corbis)

C’était simple. Oui, cela parait étonnant. À revoir les images de cet homme, si souvent psychédéliques - Bowie portant une robe sur la pochette de l’un de ses albums en 1970, Bowie déguisé, Bowie grimé, pailleté, jouant sur l’ambiguïté sexuelle, en 1971-72 pour la création magique du personnage Ziggy Stardust...

Si loin, si proche

Un artiste, qui semble, loin, tellement loin du quotidien, de la vie normale je dirais. Un David Jones, que je me dis, alors, totalement et a jamais inatteignable, comme une étoile montante, irrémédiablement ailleurs.

Et bien non ! David Bowie, je l’ai vu, je lui ai parlé, je lui ai souri.

Et il m’a souri. J’assume totalement ce coté groupie ridicule. Comme j’ai à peu près assumé ce jour-là, d’aller le déranger.

1991

La radio NRJ a 10 ans. Je suis une petite stagiaire d’école à France Inter. Et on m’envoie couvrir cette soirée anniversaire. Je me jette sur le programme, et qui je vois ? David Bowie.

À l’époque, je suis encore suffisamment jeune pour avoir, ce que l’on appelle une meilleure amie… C’est elle qui m’a fait connaitre Bowie, un culte chez elle.

Ma meilleure amie me tyrannise avec Bowie

On n’avait pas 16 ans. Et cette fille, Marie-Sabine, a tenté de me rendre folle, avec Hunky Dory et Life on Mars. Le soir, quand j’avais la permission d’aller dormir chez elle, (nous vivions a deux pas l’une de l’autre), elle m’emmenait dans une grande salle, en haut de chez elle… et faisait péter les décibels.

Je prenais Aladdin Sane en plein cerveau. Mes neurones faisaient des saltos arrière. Mon cœur des triple loopings. Mais j’avoue, que certains jours, je n’en pouvais plus de monsieur Bowie et de ses frasques…

Il n’empêche… ce jour de 1991, quand je pars couvrir les 10 ans de NRJ, je me mets en tête de ramener un autographe de David Bowie à ma meilleure amie, même si elle me torture avec cet homme.

Il fume une cigarette

J’ai alors deux obsessions : que mon Nagra ne tombe pas en rade (L’angoisse suprême de la stagiaire)… et approcher Bowie

Je me mets à errer en back stage.

Je me souviens de Patrick Bruel, qui me prend par les épaules, et me donne une interview. Mais ce n’est pas lui que je cherche, tout le monde l’a bien compris.

Mes yeux scannent toutes les loges. Rien. Je tourne encore. Et là, j’aperçois une silhouette, de dos… un homme, longiligne, fume une cigarette.

Je le sais, c’est lui. Il échange quelques mots avec d’autres

Il parait tranquille

Je lâche Bruel… et tous les autres… je lâche tout d’ailleurs. Je tremble. Je m’approche. "Mister Bowie, could I ask you something ?" Je m’entends, comme si c’était hier.

Il me sourit, gentiment. Je vois son regard… un regard affirmé… un regard qui sait. Je revois ses yeux… étranges… cette bouche délicate… ces dents carnassières, presque carnivores.

"Of course…", me répond-il. Je lui tends un papier, que j’avais soigneusement préparé. Il signe. Je lui souris. Et je m’en vais.

Une rencontre simple, et furtive. Car monsieur Bowie, on n’avait pas envie de le déranger.

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