Le foot, c'est chic
Autour du Parc des Princes, ambiance délétère, ce lundi. C’était une histoire de "corones". Je ne traduirai pas. Tout le monde parle un peu l’espagnol, non ? Aux abords du temple du football parisien, on croise aisément, (même un lundi), des fans de foot. "Bonjour, vous en pensez quoi de tout cela ?" Le garçon est jeune mais, je me trompe, car dans le coin on ne joue pas qu’au ballon rond. On aime aussi le ballon, plus gros, plus lourd. Je vous le donne en mille; le handball. Ce garçon a donc 18 ans, il va s’entrainer, à Coubertin, juste à côté.
"Ben moi, je suis un jeune handballeur… mais je vis avec le foot… ma chambre donne directement sur le Parc des princes… j’ai pignon sur rue, ça c’est sûr".
Moi : "Vous devez en voir de toutes les couleurs… ça doit pas être toujours joli joli hein ???"
Lui : "Franchement ? Non, ça va. Le foot s’est beaucoup amélioré, vous savez, les supporters aussi, en règle générale, là, ce sont des cas, c’est tout"
Je me dis : Quelle sagesse. C’est vraiment un handballeur. J’adore d’ailleurs, le style grand mec, calme, serein. Ca fait rêver… Je m’approche du Parc des princes. C’est fermé
Des gamins tapent dans le ballon, sur une esplanade
Le soleil s’en va. J’entre dans une petite boutique. Ici, on vend des écussons. Le patron, un accent terriblement du sud : "Ca, c’est bien Marseille !! Non mais faut pas détonner !! C’est les seuls à pas suivre le mouvement !! Ils font ce qu’ils veulent là-bas ! Y’a pas de lois on dirait… ou on n’a pas les mêmes !! " Son acolyte, sans accent, en rajoute: "Tout le monde s’y est mis, ces dernières années. Mieux protéger les matches ! Vous vous rendez compte ??? Des bouteilles de verre balancées. Valbuena obligé d’être protégé, en plein match. Et cette fausse pendaison dans les vestiaires. C’est honteux ! Ça c’est Marseille. Et leurs supporters, on a l’impression que c’est eux qui dirigent; les cooptations, la magouille quoi !"
Ils sont fous de rage. Ils mélangent un peu tout, à la marseillaise. J’arrive devant, la très classe boutique, du PSG. Un vendeur en sort, tout de noir, vêtu. Sur la vitrine, on peut lire: " l’uniforme Night… Dark…Light " Puis : "Fly Emirates" . " Oui, c’est vraiment une historie de mecs, tout ça… de mecs" …, me dit-il.
Moi : "Ah je vois. De testostérones… ". Ca le fait sourire. Sur les parois du stade Jean Boin, il est écrit : "Légèreté, collectif et même finesse…" . Cela me laisse songeuse.
"Vous en pensez quoi de ce qui s’est passé à Marseille, dimanche ?"
Lui: "Disons qu’il faut savoir analyser"
Moi : "Oui, bien sûr… j’écoute votre analyse, car je suis là pour ça"
Lui, sourire ultra bright : "Le foot, c’est une histoire d’adrénaline… vous voyez. Il faut que ça sorte… que ça pulse… "
Moi : "Oui, je vois, ça va… je suis déjà allée a un match, avec 80 000 personnes dans les tribunes (et c’est vrai en plus…). Ce n’est pas une raison pour jeter des bouteilles en verre sur un joueur sous prétexte qu’il est passé dans une autre équipe. C’est du délire ! " Je m'agace.
En secret, parfois, je rêve de cette folie marseillaise
Lui, très digne : "C’est sûr. Mais c’est une histoire de passion le foot. Vous voyez, ici, au Parc, c’est devenu tellement calme, les gens viennent en famille. C’est plan plan."
Moi : "Et alors ? C’est bien" . Il fait la moue
"Nan, c’est pénible. Je ne devrais pas vous le dire, mais, en secret, je rêve parfois de cette folie marseillaise. Ça doit sortir ! C’est une histoire de passion, le foot." Il va m’achever. "Et dans les passions, ben parfois, l’homme tue sa femme. C’est comme ça." Bon. Je crois que je vais aller me faire une bonne tisane, suivie de l’Ile aux enfants, en 3 D et d’un gros dodo.
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