La gifle de Latifa
Au départ, c'est une simple maman. Aujourd'hui, c'est une mère qui pousse un cri. Cette mère, la France entière la connait… et pourtant, pas tant que cela. Car ce jeudi, elle a infligé aux autorités, en plein musée du quai Branly, une gifle. Elle est assise au premier rang, aux côtés du président de la République, de Najat Vallaud Belkacem, de Christiane Taubira. Depuis l’assassinat de son fils Imad, soldat et première victime de Merah en 2012, elle a entrepris un chemin de croix.
Dans les lycées, dans les maisons de quartier, dans les prisons… inlassablement, elle parle. Elle parle aux jeunes. Avec des mots, elle tente de les tirer vers elle, vers la République, vers la vie. Quand elle monte sur scène ce jeudi matin, personne ne se doute de la claque qu’elle va infliger à ceux, qui l’avaient gentiment remisée dans une case : celle de la Mater Dolorosa, point barre.
J'ai besoin d'aide
"J’ai perdu un fils, un soldat, il était beau". "Face à son tueur il a refusé de se mettre à genou. En faisant ça, il a laissé un message, pour nous tous". Sa voix douce de Mater Dolorosa, se fait plus ferme. "J’ai besoin d’aide. On a un grand problème dans les écoles, il y a beaucoup de souffrances. Quand je vais dans les maisons d’arrêt, c’est très grave, il n’y a pas de règles. On parle des droits de l’homme, mais il faut les sortir de leur cellule ! Il faut faire du sport !".
Latifa, douce mère dolorosa, devenue rebelle… Ses mots résonnent, dans l’amphithéâtre du musée. On se tait. Les statuettes datant du 5ème siècle doivent en trembler.
Elle poursuit : "Et les gens qui travaillent dans les prisons, mais moi je les ai vu pleurer ! Dans les prisons, dans les écoles, quand il y a 95% qui sont d’origine magrébine, ils peuvent pas s’intégrer. Ils peuvent pas aimer la France, il faut les aider"
Ils ne peuvent pas aimer la France
Latifa pourrait, je le dis, aujourd’hui, porter la robe noire des grands du Barreau. Elle porte haut et fort, le verbe… avec justesse et justice. "Ils ne peuvent pas aimer la France, il faut les aider." Cette phrase tourne en boucle, dans mon cerveau. Latifa pointe du doigt, les politiques, la société, qui ne veut pas voir. Le retard infini, pris, dans la nécessité absolue de s’investir auprès de jeunes. Ils sont parfois très jeunes, et désormais en dehors des clous de la République et qu’il va falloir rattraper au vol pour s’en occuper. Silence dans la salle.
Pour finir Latifa, va asséner le coup de massue : "J'ai besoin d’aide avec mon association, on a un bureau, mais on à rien, on à même pas de toilette, je suis désolée de devoir parler de cela.." Latifa, ex Mater Dolorosa, a décidé de brandir l’arme de la réflexion, pour redonner son âme, à une jeunesse perdue.
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