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Des saucisses à la tête de Delarue

Jean Pierre Coffe est mort mardi soir. Le pourfendeur de la Malbouffe était âgé de 78 ans. Il est décédé, chez lui, à Lanneray, en Eure-et-loire. Un veritable comédien. Qui n'aimait pas: la "merde".
Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Jean-Pierre Coffe est mort mardi soir à l'âge de 78 ans  © maxPPP)

Il faudrait être totalement amnésique, pour avoir oublié cette formule, ses saucisses jetées, avec ces mots : "C’est d'la Merde" . Cette formule balancée en direct, à la télé, c’était en 1991, sur Canal Plus. Jean Pierre Coffe se met à jeter des tranches de jambon, et des saucisses. Face à lui, Jean Luc Delarue, qui présente l’émission, se cache le visage, en se marrant. 

Une scène épique

Et, si vous la revoyez, vous verrez : c'est vraiment très drôle. "C’est un peu comme quand Gainsbourg a brulé un billet de 500 balles… ca choque… ça fait parler…Coffe était un très bon comédien"

Celui qui dit ça, c’est Thierry Marx, chef très connu, qui officie au Mandarin Oriental à Paris. Marx a connu Coffe. "Il avait lancé un vrai truc, jean Pierre : faire le marché, avec quelques francs (à l’époque ce n’était pas les euros). Ça, c’était une vraie bonne idée. D’ailleurs je lui ai piqué, un peu plus tard…".  Jean Pierre Coffe, l’homme de "c’était d’la merde !", était-il, donc, un précurseur ?

"Pas vraiment, trouve Thierry Marx… il disait des choses c’est sur. Mais bon, dans nos restos, on tremblait à l’idée qu’il nous rende visite… parce que lui, c’était : pot au feu, sinon rien…il défendait la nourriture bourgeoise… ce n’était pas vraiment innovant… non, là où il était très bon, c’était au cinéma… je me souviens de lui dans un film avec Balasko, Huppert, Coluche… j’ai plus le titre en tête". 

Une père mort trop tôt

Jean Pierre Coffe, un chroniqueur fort en gueule, qui ne faisait pas rire tout le monde. Dans un autre restaurant parisien, un chef évoque quelqu’un de frustré, devenu plus doux, avec le temps…mais avant…bigre !  "Je lui pardonne plein de choses, raconte cet homme (qui préfère rester anonyme), parce qu’il connaissait vraiment les produits, l’art de la table… Mais bon, il défendait un monde vieux… une manière de voir, très traditionnelle… il lui a peut-être manqué quelque chose, dans sa vie, je sais pas."   Peut-être. Car dans son dernier livre, sorti en 2015, Jean Pierre Coffe s’épenchait sur les trous de sa vie.  Un père mort à la guerre, quand lui avait 2 ans. Une mère qui l’abandonne. Une fille qui meurt. Un livre dans lequel il confiait, sa bisexualité. Un paquet de choses, lourdes, comme un caddie trop plein. "C’était peut-être, sa vie, à lui, qui était d’la merde… c’est peut-être pour ça qu’il balançait des saucisses a la tête des gens",  me lance une toute jeune serveuse, de ce même restaurant. 

Coffe, clivant

Moi, pantoise

Moi : "Vous êtes un peu dur je trouve. Coffe, il se démenait pour que les gens mangent bien, et pour pas cher"

Elle : "Ben oui, mais il avait pas l’air au courant que tout le monde ne vit pas à la campagne… et que à Paris, quand on a des enfants, on a pas le temps de penser à ça…. lui, il voulait des bons petits repas de famille, avec de la bonne viande… il était hors sol le type !" Une critique au vitriol. J’en reste pantoise. "Et franchement, d’aller faire de la pub pour Leader Price, c’était pas d’la merde ça ?"

Là, elle m’a achevée, la toute jeune serveuse. Jean pierre Coffe, un chroniqueur clivant.  Visiblement, une génération, ne le suivait plus. Et ne se souvenait même plus, qu’il ait été acteur... 

Dans quel film déjà ??? "Ah oui… c’était dans Sac de nœuds… Il jouait un flic, à la fin du film" , s’est finalement souvenu Thierry Marx

Dans cette comédie, de 1984, signée Josiane Balasko, Jean Pierre Coffe est LE commissaire. Ca y est, ça me revient. Un film aussi drôle, que sombre.

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