L'art urbain à l'ère numérique dans une exposition à Paris

L'exposition "Loading, l'art urbain à l'ère numérique" vient d'ouvrir ses portes au Grand Palais Immersif, près de la place de la Bastille. L'occasion de comprendre comment le street art est créé, documenté et partagé, à l'heure des réseaux sociaux. Passionnant !
Article rédigé par Ingrid Pohu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Comment l’art urbain et le numérique s’influencent-ils ? L'exposition "Loading" tente de répondre à cette question au fil d'un parcours immersif. (GRAND PALAIS IMMERSIF)

L’exposition "Loading, l’art urbain à l’ère numérique" explore l’influence des nouvelles technologies sur le travail des street-artistes. D’où son titre "Loading", qui désigne dans le jargon informatique une réalisation en cours.

Conçue comme un spectacle, cette exposition a pour originalité de montrer les artistes en pleine création, grâce à des vidéos et images projetées sur les murs en béton brut des espaces monumentaux du Grand Palais Immersif dans le 12e à Paris.

Ce lieu a investi d’anciens locaux de l’Opéra Batille. À commencer par la salle cathédrale de 23 mètres de haut, où est projeté un film d’une vingtaine de minutes sur un écran géant de 400 mètres carrés. Avec la diffusion à 360 degrés, les visiteurs sont totalement intégrés dans le décor. Inventive et soignée, la réalisation audiovisuelle est signée Mehdi Mejri. À l’aide d’archives minutieusement choisies, le spécialiste y retrace l’histoire de l’art urbain.

Par exemple, un cliché de la photographe Marta Cooper montre un garçon écrivant à la craie dans une rue de New York en 1978, ce sont les prémices du graffiti qui habille le métro de la ville où l’on plonge, c’est comme si on y était. On découvre aussi – notamment au Kosovo – de grandes fresques murales, apparues à partir des années 2000.

Aujourd'hui, la technologie permet aux street-artistes de peindre des fresques murales monumentales comme ici Axel Void et Helen Bur au Kosovo. (GRAND PALAIS IMMERSIF)

Les images nous projettent également sur des chemins de fer en Allemagne, dévoilant des artistes en train de peindre à la bombe les wagons d’un train qui passe. Une forme de graffitis vandales réalisés par le collectif berlinois One Up.

"Ils assument pleinement ce côté spectaculaire et réalisent des vidéos qui sont fabuleuses, explique Christian Omodéo, historien de l’art et commissaire de l’exposition. Et dans la scène en particulier, on voit tout le collectif qui part avec des extincteurs remplis avec des couleurs différentes, c’est très beau à voir, c’est une forme d’art performative.

En même temps, c’est un collectif très engagé dans l’écologie, quand ils peignent dans un bateau abandonné en pleine Méditerranée, près d’Athènes, c’est pour dénoncer cette bombe écologique à retardement que représente ce cimetière de bateaux abandonnés."

Dans l'exposition "Loading" 20 pays et quelque 80 artistes sont représentés parmi lesquels le collectif berlinois One Up qui s'engage en faveur de l'écologie en peignant sur des trains ou des bateaux des graffitis vandales. (GRAND PALAIS IMMERSIF)

Comme le souligne Roy Amit, directeur du Grand Palais Immersif, les artistes utilisent de nos jours de nouveaux outils que l’on appréhende parfaitement ici "par exemple, les drones ou les nacelles. Aujourd’hui on peut faire d’énormes fresques murales ou sur le sol qu’on ne peut voir que filmées par un drone. Et c’est grâce à la technologie qu’on peut le faire."

Baignés dans une lumière tamisée, on voyage à travers les calligraphies du mexicain Said Dokins, qui mêle écritures occidentales et asiatiques pour livrer des messages politiques. Quand l’artiste sud-coréenne, Jazoo Yang, utilise l’empreinte digitale pour immortaliser des bâtiments voués à la destruction à cause de la modernité galopante.

L’artiste sud-coréenne Jazoo Yang utilise l’empreinte digitale pour immortaliser des maisons vouées à disparaitre sous le joug de la modernité galopante. (GRAND PALAIS IMMERSIF)

Sur un simulateur de graffitis, on écrit à l’aide d’une bombe numérique un message via un écran tactile sur un mur de béton. Objectif : saisir le geste créatif de l’art urbain. Comme dans un jeu vidéo, une installation permet aussi de débusquer à l’aide d’un joystick, des œuvres sur les murs de grandes villes. L’occasion d’admirer à Montréal, une composition murale de l’artiste Julien Malland, alias Seth, qui peint des enfants de dos.

Dans l’expo Loading, la musique est cousue sur les images, par le compositeur Roque Rivas. Omniprésente et puisant dans la culture pop, c'est aussi un vecteur d’émotions ! L’effet de réverbération crée un véritable bain de son.

L’objectif de la visite est atteint : "partager avec les visiteurs spectateurs ce sentiment d’adrénaline, d’engagement, de folie très saine qui s’empare des artistes et leur fait faire des choses fantastiques dans les rues du monde entier."

L’exposition est présentée jusqu’au 21 juillet 2024.

EN PRATIQUE

Du lundi au dimanche, de 10h à 19h nocturne les mercredis jusqu’à 21h fermeture hebdomadaire le mardi tarifs : 16 euros TR : 14 € (demandeur d’emploi) ; 12 euros (6-25 ans) ; 6 euros (RSA, ASS, minimum vieillesse, scolaires) gratuit pour les enfants de moins de 6 ans.

Accès Grand Palais Immersif : 110 rue de Lyon - 75012 Paris métro Bastille (lignes 1, 5 et 8), Gare de Lyon (RER), Bus : 20, 29, 65, 69, 76, 86, 87, 91.

Information et réservation

#ExpoLoading

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