C'est mon époque. L'huile d'olive française trop rare et trop chère
Cette année, la récolte d'olives est médiocre en France. Conséquence : toujours aussi peu d'huile d'olive tricolore dans les rayons alors que la production explose dans tout le pourtour méditerranéen.
Un produit rare et cher : voilà ce qui se profile cette année pour les consommateurs qui voudraient acheter de l'huile d'olive française. Cette saison, la récolte a été catastrophique selon les professionnels, avec au mieux 3 400 tonnes contre 5 000 tonnes en temps normal. Il n'y aura donc pas plus de production française dans les rayons des supermarchés. Pourtant, la production d'huile d'olive explose dans tout le pourtour méditerranéen. La différence se ressent donc directement sur les prix : jusqu'à 27 euros la bouteille pour une huile tricolore quand une huile tunisienne premier prix coûte 5 euros.
Face à ces prix, les Français se détournent de l'huile d'olive française, qui ne représente que 4% seulement de leur consommation. L'essentiel de notre huile d'olive provient d'Espagne (60%), d'Italie, de Tunisie ou encore du Portugal. Ces pays, à l'inverse de la France, ont connu une année très productive : 1,4 million de tonnes récoltées en Espagne, presque 500 000 en Italie et 100 000 au Portugal, un record pour ce dernier.
La France a perdu son savoir-faire
S'il y a une différence aussi importante entre la France et les autres pays producteurs d'huile d'olive, c'est parce que nous avons en partie perdu notre savoir-faire ancestral, selon le patron de l'interprofession, Olivier Nasles. "Le climat a changé et on ne l'a pas vu venir, explique-t-il. Sur la taille des arbres, l'irrigation, la fertilisation, on n'a pas su évoluer". Autre explication : les oléiculteurs ont vieilli et emporté avec eux leur technicité. C'est pourquoi notre rendement ne dépasse pas 200 litres par hectare contre 800 l/ha ou 1000 l/ha en Espagne et au Maroc. Olivier Nasles plaide donc pour une vaste remise en cause de la production française.
L'économie de l'oléiculture française peut être sauvée à deux conditions, selon Olivier Nasles. Il faut d'abord entièrement revoir notre modèle de production, encore très familial puisque sur 35 000 oléiculteurs, 10 000 seulement sont des professionnels. La profession doit donc se former et les exploitations ont intérêt à se regrouper. Ensuite, il faut gagner en productivité en s'adaptant au nouveau climat pour tripler le rendement. Cela permettrait de stopper la hausse des prix de vente. Une nécessité si l'huile d'olive française veut relancer ses ventes puisque sept foyers sur dix en utilisent. Le monde, lui, ne cesse d'augmenter sa consommation, avec plus de 32 millions de litres en 2016.
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