Un tiers des salariés français a été confronté à des pratiques frauduleuses
Des règles de sécurité qui ne sont pas respectées, une exposition à des produits chimiques toxiques, ou bien des dissimulations, des faux rapports, des mensonges, de la discrimination, le fait aussi de masquer un défaut de qualité dans un produit : on pense forcément à l'affaire des moteurs truqués chez Volkswagen et pourtant ce sont quelques unes des situations quotidiennes auxquelles sont confrontées les salariés français. Selon une enquête explosive produite par le cabinet Technologia, pas moins de 36% des salariés ont déjà constaté dans leur entreprise des pratiques anormales, qui vont à l'encontre de la loi ou des règles de leur profession. Plus d'un quart d'entre eux - 26% - ont été incités par leurs collègues ou leur supérieur à enfreindre la loi. Et pour les deux-tiers d'entre eux, cette demande était parfaitement explicite.
Face à ces demandes, ils ont plutôt tendance à en parler
C'est le cas de 62% d'entre eux. Ils se confient d'abord à un collègue, puis à un supérieur, à des proches et seulement dans 23% des cas à un syndicat. Et pourtant 36% d'entre eux ont peur des conséquences. Le cabinet Technologia affirme d'ailleurs que, parmi tous les lanceurs d'alerte rencontrés dans le cadre de cette enquête, tous ont vu leurs collègues prendre leurs distances. Deux d'entre eux ont fait l'objet de menaces physiques ou d'appels anonymes. D'autres, comme Ida de Chavagnac qui travaillait dans une banque et à qui son supérieur hiérarchique a demandé de ne pas signaler certains risques, ont été tout simplement licenciés.
"J'ai eu de plus en plus de pression. On me faisait des tonnes de reproches, en me disant que j'étais une mauvaise salariée. En fait j'ai alerté. J'ai dit à mon N+2 écoute je t'alerte parce que je suis très inquiète sur mon N+1 qui enfreint la définition déontologique de ses fonctions. "
Il y a des règles en France qui protègent les lanceurs d'alerte mais, toujours d'après cette enquête, elles sont ignorées par 85% des salariés français. Il est vrai qu'il existe pas moins de cinq lois sur la question. Elles sont censées protéger le salarié qui dénonce des faits de corruption, de harcèlement, de discrimination, ou encore des risques sanitaires et environnementaux. Mais on attend toujours un statut clair du lanceur d'alerte, à même de rassurer les salariés qui hésitent à dénoncer des fraudes. La culture de l'alerte, du fameux "whistleblowing" propre au monde anglo-saxon, a du mal à prendre en France.
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