Des syndicalistes qui déchirent la chemise de leur DRH, ça n'est pas comme ça que les Français voient les rapports entre patrons et salariés dans l'entreprise. Quand on interroge les salariés, comme l'a fait Humanis avec l'institut de sondage Odoxa, ils sont une quasi totalité, 90%, à souhaiter que le dialogue social soit contructif et apaisé. Il y a chez eux comme une soif de rapports "adultes" entre la direction de l'entreprise et les représentants du personnel. Mais une soif qui reste inassouvie. Parce que quand on les interroge sur l'état du dialogue social dans leur propre entreprise, ils ne sont cette fois plus que 45% à le trouver "constructif et apaisé". Plus préoccupant, les salariés sont une majorité - 54% - à le qualifier de "conflictuel et de revendicatif". Des salariés qui estiment d'ailleurs à une courte majorité, 53%, que le dialogue social se dégrade dans leur entreprise. La source de ce mal, ce pourrait bien être le manque de confiance réciproque. Quand 87% des chefs d'entreprise estiment être dans une relation de confiance avec leurs employés, les salariés, de leur côté, ne sont plus que 53% à penser qu'ils sont en confiance.Une obligation légaleCe premier rapport annuel sur l'état du dialogue social en France nous donne une très bonne photographie de ce qui fonctionne bien et de ce qui est en panne en matière de négociations. On négocie de plus en plus sur l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. C'est d'ailleurs une obligation légale. Il y a aussi de plus en plus d'accords sur la protection sociale. Là aussi en raison de la généralisation de la complémentaire santé. Mais en revanche, on négocie moins sur les salaires, et de moins en moins sur l'emploi, c'est à dire sur la préservation des emplois ou sur des plans sociaux. L'économiste Marc Ferracci s'est livré pour cette étude Humanis à un bilan des retombées d'un bon dialogue social. Résultat, dans les entreprises où il fonctionne bien, il y a moins d'inégalités salariales, notamment entre hommes et femmes, entre qualifiés et non-qualifiés. Il y a aussi davantage de formations pour les salariés. Tout ça est assez logique. Mais, moins attendu, il y a aussi davantage de productivité. Un bilan très largement positif qui devrait conduire, selon cet économiste, à renforcer les pouvoirs des représentants des salariés dans les entreprises.