Les travailleurs de plateformes : combien sont-ils et quelles sont les professions concernées ?
On ne compte plus les plateformes qui mettent en relation des professionnels et des clients.
franceinfo : Le nombre d'indépendants qui utilisent les plateformes augmente ?
Sarah Lemoine : L’an dernier, 600.000 travailleurs indépendants, environ, ont utilisé une plateforme numérique, c’est-à-dire une application mobile ou un site internet, pour être mis en relation avec des clients, au titre de leur emploi principal. C’est ce qu’a calculé la Dares, le service statistique du ministère du Travail.
Premier constat : cette évaluation est nettement supérieure à celle de 2017. À l’époque, l’Insee avait recensé 200.000 travailleurs de plateformes. Leur nombre a donc été multiplié par trois, en l’espace de 6 ans. Avec quelques précautions d’usage, puisque les approches statistiques sont un peu différentes. Dénombrer ces nouveaux travailleurs et leurs activités reste un exercice complexe pour les statisticiens.
Quels sont les métiers les plus représentés parmi les travailleurs des plateformes ?
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce ne sont pas les livreurs et les chauffeurs VTC, dont la situation est très médiatisée. Ils ne représentent que 9% des travailleurs de plateformes.
En réalité, cette organisation du travail est répandue dans de nombreuses professions. Agent immobilier, courtier en assurance, consultant en marketing, rédacteur, agriculteur, médecin, esthéticienne, coiffeur, mécanicien, artisans du BTP. On observe également une montée en puissance chez les avocats, les comptables ou les développeurs informatiques.
Quelles sont leurs relations avec les plateformes ?
Seuls 2 travailleurs de plateforme sur 10 bénéficient de formations. Et 34% estiment leur travail contraint, parce que la plateforme donne des instructions précises et contrôle la manière dont les tâches ont été réalisées. Avec dans certains cas, des sanctions à la clé.
"Le caractère plus ou moins directif de la plateforme est un sujet qui doit être abordé, car il impacte directement les conditions de travail", estime Joël Blondel, directeur général de l’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi (ARPE).
Créée en 2021, cette autorité administrative a pour mission de créer un dialogue, entre les plateformes, les chauffeurs VTC et les livreurs. Pourquoi ne pas l’étendre aux autres professions ? "Le degré de maturité du dispositif n’est pas suffisant pour être généralisé à d’autres secteurs", affirme Joël Blondel. La question mérite tout de même d’être posée, car ces 600.000 travailleurs de plateforme représentent désormais 2% des personnes en emploi.
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