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Heures supplémentaires non payées, managers défaillants... Les techniciens et professions intermédiaires s'estiment mal reconnus

Le baromètre sur les attentes des professions techniciennes et intermédiaires réalisé pour la CGT, que franceinfo révèle mercredi, établit que ces salariés souffrent d'un manque de reconnaissance

Article rédigé par franceinfo, Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des techniciens d'Airbus installent un train d'atterrissage sur un A380, à Blagnac (Haute-Garonne), le 22 avril 2016. (REMY GABALDA / AFP)

Ils ne sont "ni cadres ni ouvriers". Ce sont "les professions techniciennes et intermédiaires". Ils sont six millions en France, soit environ un quart de la population active ayant un emploi. La CGT s'est penchée sur leur moral et leurs conditions de travail, via un sondage révélé en exclusivité par franceinfo. Et il voit plutôt les choses en noir.

Ils sont techniciens de maintenance, technico-commerciaux, fonctionnaires de la catégorie B, et ils ont le sentiment d'être mal aimés, sous les radars. Seul un tiers d'entre eux, 34%, disent qu'ils sont "reconnus dans leur travail". Si on compare avec les chiffres d'il y a dix ans, c'est près de dix points de moins. Car l'UGICT-CGT, la branche cadre, ingénieurs et profession intermédiaires de la CGT, les sonde régulièrement. Elle remarque que cette année, c'est dans la fonction publique que ça va le plus mal. C'est là que le sentiment de ne pas être reconnu dans son travail est le plus vif.

Des heures supplémentaires pas toujours payées

Selon ce sondage réalisé par Viavoice sur un échantillon de 1 000 techniciens et professions intermédiaires, 61% des sondés, public et privé confondu, déclarent travailler plus de quarante heures par semaine. Et font des heures supplémentaires. Des heures sup qui ne sont pas toujours payées ni récupérées. C'est l'une des surprises de ce sondage. Pour 39% des personnes interrogées, il n'y a ni paiement ni récupération. Sophie Binet, de l'UGICT-CGT : "On a là la généralisation d'une forme de travail au noir, ni déclaré, ni reconnu. C'est très grave. Malheureusement, ça ne nous étonne pas parce que c'est le signe d'une charge de travail qui explose et d'un travail qui ne peut plus être effectué dans le temps de travail imposé. Les techniciens et professions intermédiaires sont donc obligés de dépasser leur temps de travail. Et ce temps, qu'il soit effectué sur leur lieu de travail, dans les domiciles ou dans les transports, il n'est pas rémununéré, pas récupéré."

Des pratiques managériales dégradées

Malgré ce temps de travail rallongé, les professions intermédiaires, toujours selon ce sondage, estiment ne pas pouvoir faire un travail de qualité. Là aussi, ce sentiment est plus fort dans la fonction publique que dans le privé. Et cette même population portent un jugement négatif sur le management. Pour 46% d'entre eux, les pratiques managériales se sont dégradées au cours de l'année passée. Là encore, cette impression est plus forte dans le public que dans privé.
À noter enfin que pour défendre leur cause, les techniciens et professions intermédiaires ne comptent que sur eux-mêmes. Ils ne sont qu'un quart à miser sur les syndicats pour les défendre.

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