Et si on passait au vendredi sans emails ?
Le dernier jour de la semaine travaillée, c'est une journée sans emails. Enfin... le moins possible.
C'est vendredi et pour certains salariés, c'est une journée sans emails. Quelques entreprises pionnières luttent contre ces courriels qui perturbent notre concentration, polluent notre journée de travail et la planète.
Il y a eu le Friday wear, ce vendredi sans cravate qui nous a fait sourire dans les années 90. Aujourd'hui, le friday wear c'est tous les jours, et la cravate – comme son copain le costume – connaissent des jours maigres dans les open spaces. Et la nouvelle mode pour le vendredi, c'est le vendredi sans email. Le magazine Challenges a repéré une nouvelle entreprise – Jouve, elle opère justement dans la transformation digitale – qui se lance à son tour dans le vendredi sans emails. Cette grosse boîte internationale a décrété depuis la rentrée que le vendredi, ses salariés ne devaient pas envoyer de mails en interne. Pas question de laisser tomber les clients, les prestataires ou les administrations. On correspond donc avec l'extérieur. Mais pour joindre les collègues, on est prié de décrocher son téléphone voire – oui, c'est très osé – de se lever et d'aller parler en personne à son voisin de bureau. Tous les jeudis soir, chaque collaborateur reçoit un rappel de la direction... par mail, l'invitant à réduire le lendemain au maximum l'utilisation de sa messagerie. Pas de blocage, juste une incitation.
L'entreprise, qui compte 1 000 salariés en France, a enregistré une baisse de 15% de mails envoyés et reçus en interne le vendredi. Objectif : moins 50% d'ici la fin de l'année. Et surtout convertir les filiales indienne, américaine et roumaine au vendredi sans mail.
Egalement un enjeu de productivité et environnemental
Cette entreprise française n'est pas la première à s'attaquer à la pression des mails. C'est un mouvement qui a débuté, timidement, il y a une douzaine d'années. Des groupes comme Intel ou Deloitte sont à l'origine du "no email friday". Plus près de nous, PriceMinister a instauré une demi-journée par semaine sans courriel. Un consultant belge porte courageusement chaque année l'opération "vendredi sans email", une journée mondiale qui se tient le dernier vendredi de novembre.
Au-delà de l'anecdote, il y a de gros enjeux. D'abord des questions de productivité. Selon une étude de 2015, on recevrait en moyenne 88 emails par jour et les cadres français passeraient cinq heures par jour sur leur messagerie.
Il y a aussi un enjeu environnemental. À l'heure où tout le monde semble prêt à agir pour réduire son empreinte carbone, l'Ademe rappelle qu'une entreprise de 100 personnes génère chaque année, rien qu'à cause des courriels, l'équivalent de 14 allers-retours en avion entre Paris et New York. Et que le numérique représente 5% des gaz à effet de serre. Autant que l'aviation civile.
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