En Grande-Bretagne, des salariés sont licenciés pour être réembauchés dans des conditions moins favorables
On peut perdre son emploi en Grande-Bretagne et avoir à signer un nouveau contrat pour travailler plus au même salaire : c'est le "fire and rehire", que pratiquent des dizaines d'entreprises.
Selon un sondage mené par le syndicat Trades Union Congress (TUC), près d'un employé britannique sur dix s'est déjà retrouvé dans cette situation : être licencié et devoir accepter un nouveau contrat de travail, avec le même employeur, mais à des conditions moins favorables. C'est ça ou la porte. C'est un phénomène de grande ampleur et il ne cesse de se répandre, à la faveur de la crise sanitaire.
Cette pratique porte désormais un nom outre-Manche, c'est le "fire and rehire", littéralement "virer et réembaucher". Il créé une vive polémique. Le Premier ministre, Boris Johnson, juge la pratique "inacceptable", tandis que son sous-secrétaire d'État aux aux Petites entreprises, aux Consommateurs et aux Marchés du travail, juge que les entreprises ont besoin de flexibilité pour sauver autant d'emplois que possible.
Plusieurs centaines d'employés ont récemment perdu leur travail dans ces conditions. C'est l'affaire British Gas, et elle a certainement mis le feu aux poudres. Le fournisseur d'énergie a placé ses 20 000 employés devant un choix cornélien : perdre leur emploi ou signer un nouveau contrat et accepter de travailler trois heures de plus par semaine, travailler le weekend et les jours fériés sans majoration de salaire. Ils avaient deux semaines pour faire leur choix. La plupart ont accepté à la dernière minute, mais 500 ingénieurs ont refusé et se sont retrouvés sans travail.
Des entreprises pourtant bénéficiaires
D'autres entreprises ont emboîté le pas. Les chauffeurs de bus de Manchester, les employés des centres du géant de la grande distribution Tesco, les travailleurs de l'usine de café Jacobs Douwe Egberts, tous se sont retrouvés devant ce même dilemmne : se faire réembaucher à des conditions moins favorables ou prendre la porte. Selon une enquête de l'hebdomadaire britannique The Observer, neuf des treize entreprises accusées d'avoir pratiqué le "fire and rehire" ont réalisé des bénéfices ou ont augmenté la rémunération de leurs dirigeants.
Du reste, la polémique a pris une ampleur nationale. Un sondage mené par un autre syndicat, GMB, montre que 76% des personnes interrogées en Grande-Bretagne estime qu'il faudrait que la loi interdise de telles pratiques. Warren Kenny, son secrétaire général, estime tout simplement que le "fire and rehire", pourtant tout à fait légal outre-Manche, "n'a pas sa place dans le monde du travail moderne".
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