Faire son coming out au travail reste une démarche compliquée
Les homosexuels, bisexuels ou transgenres parlent peu de leur orientation sexuelle au travail. Et beaucoup estiment avoir fait l'objet de discrimination de la part de supérieurs ou de collègues.
La journée internationale du coming out se déroule jeudi 11 octobre. Les homosexuels, bisexuels ou transgenres parlent-ils de leur orientation sexuelle au travail ? Ont-ils peur d'être discriminés ? Le sujet est encore délicat, à en croire deux vastes études qui sortent aujourd'hui.
L'histoire d'Elie résume assez bien cette question. Elie a 39 ans, il a fondé Tell me the truffe, une agence de communication qui a justement commandité une étude sur la question(Nouvelle fenêtre) auprès de l'Ifop. Mais auparavant il a été salarié de nombreuses années. Dans ce milieu pourtant a priori ouvert, il a toujours refusé de faire son coming out. Pas parce qu'il était en butte à de l'homophobie. Mais à cause de petits signes qui l'ont encouragé à rester discret : "Je me souviens avoir rempli un questionnaire pour la mutuelle et on m'a demandé : est-ce que vous voulez déclarer votre compagne ? En l'occurence j'avais un compagnon. J'aurais préféré qu'on me demande : est-ce que vous voulez déclarer quelqu'un sur votre mutuelle ?"
Stéréotypes de genre
Selon l'étude Ifop pilotée par Tell me the truffe, un LGBT sur trois affirme avoir déjà renoncé à indiquer le nom de son conjoint sur leur mutuelle. Au-delà, c'est tout un climat, des stéréotypes dominants, qui ont empêché Elie de faire son coming out : "J'ai entendu des remarques, genre 'c'est bien qu'il y ait un mec à la réunion, ça va rassurer les clientes'... Des signaux qui ne remettaient pas en cause mon orientation sexuelle, mais plutôt ce qu'on attendait d'une figure masculine dans l'entreprise. Tout ça ne m'a pas poussé à affirmer mon identité, qui était peut-être en décalage avec celle qui était attendue".
L'enquête, réalisée sur un échantillon de près de 1 000 personnes LGBT, révèle qu'un quart d'entre eux estime avoir fait l'objet de discrimination de la part de supérieurs ou de collègues. Elie, lui, a adopté l'auto-censure : "Mieux vaudrait que je n'en parle pas pour être ce qu'on attend que je sois".
De son côté le Boston Consulting Group a mené une étude dans neuf pays différents(Nouvelle fenêtre), avec l'aide du magazine Têtu pour la France. C'est au Royaume-Uni et aux Pays-Bas que les LGBT disent se sentir le plus enclins à faire leur coming out au travail. La France ne se place qu'au septième rang, devant l'Espagne et l'Italie.
Et d'après se sondage, le secteur public et le secteur non lucratif sont très nettement considérés comme plus ouverts que les grands groupes.
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