C'est mon boulot. Un salarié d'Air France condamné à la fois pour harcèlement et pour avoir "terni l'image" de l'entreprise
L'étau se resserre autour des auteurs de harcèlement au travail, qu'il soit moral ou sexuel. Air France vient de licencier et de faire condamner l'un de ses salariés à lui verser des dommages et intérêts pour avoir "terni son image".
C'est une première qui va dans le sens d'un durcissement des sanctions contre les harceleurs au travail. L'histoire se passe à Fort-de-France, en Martinique, chez Air France. Un salarié est licencié pour harcèlement.
Condamné à 4 mois de prison avec sursis
Le salarié est accusé par sept femmes de les avoir harcelées sexuellement, et par trois autres de les avoir harcelées moralement. L'une d'elles a même dû être hospitalisée. Les victimes choisissent de poursuivre leur harceleur au pénal. Elles veulent obtenir l'indemnisation du préjudice subi. L'homme a notamment été condamné à quatre mois de prison avec sursis et à dédommager les neuf victimes : 1 200 euros chacune.
Plainte de l'entreprise pour atteinte à l'image
Ce qui est nouveau, c'est que l'employeur, Air France, avait lui aussi porté plainte. Pour quel motif ? Parce que le salarié avait naturellement "outrepassé ses pouvoirs hiérarchiques" et que, ce faisant, il avait "terni l'image de la compagnie auprès des autres salariés". Pour cette atteinte à l'image de l'entreprise, la cour d'appel de Fort de France a condamné le harceleur à verser 500 euros à Air France.
C'est peu, individuellement, mais c'est beaucoup collectivement car la Cour de cassation vient de confirmer ce jugement. Et que ses décisions font jurisprudence. Cela veut dire que désormais, dans ce type de procès qui oppose des harcelées à un harceleur, une entreprise peut se porter partie civile et réclamer elle aussi un dédommagement. Dans le climat actuel de libération de la parole, dans le sillage de l'affaire Weinstein, cela peut changer la donne et resserrer clairement les mailles du filet autour des harceleurs.
Des dirigeants d'entreprises aveugles sur le harcèlement
L'institut OpinionWay a interrogé 604 dirigeants d'entreprise pour leur demander s'ils avaient eu connaissance de faits de harcèlement sexuel dans leur entreprise. Réponse étonnante : un seul à répondu oui. Tous les autres n'ont entendu parler de rien. Surprenant, quand on sait qu'une femme active sur cinq déclare avoir été confrontée à une situation de harcèlement sexuel durant sa vie professionnelle, selon le Défenseur des droits. Mais il est vrai que dans sept cas sur dix, la situation n'a pas été portée à la connaissance de la direction.
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