Vers un antibiotique du lendemain contre les infections sexuellement transmissibles ?

Aujourd’hui, nous parlons de prévention des maladies sexuellement transmissibles et d'un antibiotique qui pourrait apporter une double protection en cas de doute.
Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La doxycycline comme prévention des infections bactériennes sexuellement transmissibles, si cet antibiotique est pris dans les 24 à 72 heures suivant un rapport sexuel non protégé. (Illustration) (TREVOR WILLIAMS / DIGITAL VISION / GETTY IMAGES)

Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5 nous parle aujourd'hui d'une question de santé sexuelle avec des informations qui concernent de très bons résultats d’un essai clinique français sur la prévention de maladies sexuellement transmissibles. 

franceinfo : Vous nous dites Géraldine, qu'on a tort d’associer aux siècles précédents, la syphilis et la gonococcie, anciennement dénommée gonorrhée ?  
 
Géraldine Zamansky : Oui, et cet essai clinique français appelé ANRS Doxyvac, concerne aussi une troisième maladie moins connue, mais également provoquée par une bactérie : la chlamydia. C’est d’ailleurs contre elle et la syphilis, que les résultats ont été excellents, avec une protection dans plus de 80% des cas.

Les résultats ont été moins bons contre la gonococcie, avec seulement 33% d’efficacité. Car ces infections sexuellement transmissibles n’appartiennent vraiment pas au passé. Un réseau de médecins généralistes a même vu doubler le nombre de cas de syphilis et de gonococcies, dépistés dans leurs cabinets, entre 2020 et 2022.

Cela concernait alors surtout des hommes, ayant des rapports avec les hommes. Alors que les femmes hétérosexuelles étaient les plus touchées par chlamydia, qui peut altérer leur fertilité. 

Quelle est la solution qui apporterait donc au moins une double protection ? 

C’est un antibiotique, la doxycycline, pris ici en moyenne dans les 15 heures après un rapport sexuel à risque, c’est-à-dire sans préservatif. L’idée, c’est qu’il arrive dans l’organisme très vite pour détruire la bactérie, avant qu’elle n’arrive à proliférer.

Sa moindre efficacité contre la gonococcie n’est pas une surprise, comme me l’a expliqué le Pr Jean-Michel Molina qui a coordonné cet essai, promu par l’ANRS (maladies infectieuses émergentes). Car la résistance des gonocoques à cet antibiotique est très fréquente. L’étude testait donc aussi l’efficacité sur eux, d’un vaccin contre une bactérie assez proche, le méningocoque, mais sans succès. 

L’idée serait un antibiotique "du lendemain" en quelque sorte ?  
 
Exactement. Mais le Pr Molina m’a précisé qu’il fallait être prudent à cause du risque de résistance aux antibiotiques. Et il faudrait donc identifier la population qui pourrait en bénéficier le plus. Toujours dans le cadre d’une prise en charge globale de la santé sexuelle.

Avec des dépistages réguliers du VIH et de ces infections qui restent longtemps sans symptômes. Sans oublier de rappeler la protection apportée par le préservatif, mais sans nier les difficultés qui freinent encore son usage aujourd’hui. Notamment à cause des tabous qui persistent sur toutes ces maladies. 

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