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Une prise en charge médicale selon le genre ?

Les médecins font-ils une différence entre hommes et femmes pour des mêmes soins ? Il semble que oui, alors que la prise en charge devrait être identique, quel que soit le sexe.

Article rédigé par franceinfo - Martin Ducret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une étude américaine a comparé la prise en charge médicale de près de 3000 femmes et hommes pour prévenir la survenue de maladies cardiovasculaires. Les unes et les autres seraient traités de manière différentes en raison de leur sexe. (Illustration) (HALFPOINT IMAGES / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin revient aujourd'hui sur une étude américaine qui a comparé la prise en charge médicale de près de 3000 hommes et femmes pour prévenir la survenue de maladies cardiovasculaires. Sommes-nous traités différemment selon notre genre sexuel ? Oui, si l’on en croit cette étude américaine. 

franceinfo : Que nous dit cette étude ?  

Martin Ducret : Dans cette étude, pour un patient ou une patiente qui avaient du cholestérol, les médecins avaient plus tendance à donner un médicament aux hommes, un médicament anti cholestérol, que l’on appelle une statine. Alors que pour les femmes, les médecins donnaient plutôt des conseils sur l’hygiène de vie, comme se remettre au sport ou amorcer une perte de poids. Cette différence de traitement était observée dans 20% des cas.  

Pourtant la prise en charge médicale pour prévenir les maladies cardiovasculaires est la même, quel que soit le sexe ?  

Oui en effet, je le rappelle bien assez à mes patients, c’est l’hygiène de vie qui est primordiale avant tout : bien dormir, s’alimenter sainement, et pratiquer une activité physique régulière, et cela quel que soit l’âge et le sexe ! La prescription de statine dépend ensuite du taux de cholestérol et de la présence de facteurs de risques qui varient d’un patient à l’autre, mais ne dépend certainement pas du sexe.  

Alors pourquoi de telles différences ?  

Selon la principale chercheuse de l’étude, le Dr Prima Wulandari, cet écart de prise en charge vient très probablement d’une idée reçue au sein de la communauté médicale, celle que les femmes présentent un risque plus faible de survenue de maladies cardiovasculaires que les hommes. Ce constat vient renforcer les résultats de nombreux travaux, pilotés notamment par l’INSERM, selon lesquels certaines maladies seraient plus attribuées aux femmes qu’aux hommes, et inversement.  

Pouvez-vous nous donner des exemples ?  

Oui. L’infarctus du myocarde est lié à l'image d’un homme d’âge mûr, stressé au travail. Cette maladie est donc sous-diagnostiquée chez les femmes. En revanche, l’ostéoporose est considérée comme une maladie de la femme ménopausée, alors qu’elle est pourtant fréquente chez l’homme.

En fait, ce sont les codes sociaux de la féminité (fragilité, sensibilité, expression verbale) et de la masculinité (virilité, résistance au mal, prise de risque) qui influencent l’expression des symptômes des patients, et la façon dont les professionnels de santé dépistent et prennent en charge certaines maladies. Il est donc primordial de s’affranchir de ces stéréotypes afin de soigner au mieux nos patients.  

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