Plats préparés et risque accru de développer un cancer
Trop gras, trop salés, trop sucrés, les plats préparés sont souvent pointés du doigt pour leurs effets néfastes sur la santé. Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5, évoque aujourd'hui une nouvelle étude scientifique qui prouve ce lien entre produits alimentaires transformés et risque de cancer. D'ailleurs, des parlementaires se sont emparés de ce sujet et réfléchissent à améliorer la protection des consommateurs et surtout des enfants, contre ces aliments appelés "ultra-transformés".
franceinfo : Une nouvelle étude scientifique montre que la trop grande présence dans l’assiette de ces plats préparés augmente vraiment le risque de cancer ?
Géraldine Zamansky : C’est une nouvelle étude britannique réalisée grâce au suivi de 200 000 volontaires qui ont répondu à des questionnaires sur leur alimentation entre 2009 et 2012. Et dix ans plus tard, ils étaient près de 16 000 à avoir déclaré un cancer, parfois fatal. Or, ce risque, explique Kiara Chang, dont l’équipe londonienne a publié ces résultats, concernait beaucoup plus les grands consommateurs d’aliments ultra-transformés. C’est-à-dire qui ont nécessité d’importants procédés industriels et/ou qui contiennent des additifs comme des colorants ou encore des substances chimiques.
Parmi ces aliments, il y a les fameuses pizzas industrielles, les cordons bleus panés, pas mal de gâteaux sucrés ou salés, la plupart des céréales du petit-déjeuner, et, beaucoup de plats prêts à être réchauffés, et qui se conservent longtemps, sans oublier les sodas.
Donc au cœur de ces produits souvent séduisants par leur goût et leur simplicité d’usage, il y aurait des ingrédients potentiellement mortels ?
Les indices de dangerosité s’accumulent effectivement au fil des années. Les pionniers sur le lien entre ces aliments et le cancer, c’est l’équipe de Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm avec l’étude NutriNet-Santé. Elle salue aujourd’hui les résultats de ses collègues anglais.
C’est la première fois qu’une étude apporte un tableau aussi complet. Selon leurs données, le fait de manger 10% supplémentaires de produits ultra-transformés, augmente de 2% le risque de cancer en général, et plus précisément de 9% pour le cancer du cerveau. Pire, jusqu’à 19% pour le cancer des ovaires. Avec une mortalité particulièrement accrue pour ce dernier cancer, comme pour celui du sein.
Mais comment ces aliments peuvent-ils avoir des effets aussi graves ?
De plusieurs façons. D’abord, ces produits souvent très caloriques facilitent l’obésité, qui crée elle-même un risque de cancer, en partie via une inflammation chronique. Et puis Mathilde Touvier m’a présenté quelques ingrédients qui seraient potentiellement problématiques. Il y a par exemple des additifs, comme l’aspartame, dans la famille des édulcorants, ou des nitrites. Certains interfèrent avec nos équilibres hormonaux, ce qui est troublant au regard du nombre et de la gravité des cancers de l’ovaire et du sein, souvent liés aux hormones trouvées dans cette étude.
Des contaminants sont aussi générés au cours de la fabrication. La liste est longue. Impossible de tout décrypter sur les emballages. Alors pour en consommer le moins possible, il faut essayer de surtout choisir des produits avec le Nutri-Score A et B, ça élimine déjà beaucoup de ces aliments ultra-transformés.
>>> L’étude
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