Naître sous césarienne rend plus sensible à certaines inflammations

Un bébé né par césarienne est davantage prédisposé à l’inflammation intestinale en raison de perturbation du microbiote. La prise de probiotiques dès la naissance est une piste thérapeutique intéressante pour rééquilibrer la flore digestive
Article rédigé par franceinfo - Martin Ducret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 238 min
Un bébé né par césarienne est davantage prédisposé à l’inflammation intestinale en raison de perturbation du microbiote. La prise de probiotiques dès la naissance est une piste thérapeutique intéressante pour rééquilibrer la flore digestive. (GUILLAUME BONNEFONT / MAXPPP)

La césarienne concerne 20 % des naissances en France. D’après une étude française, naître par césarienne augmenterait le risque de survenue de maladies inflammatoires du tube digestif en raison de perturbation du microbiote. Les explications du docteur Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin.

franceinfo : Avant de nous parler de cette étude, expliquez-nous quel est le lien entre le microbiote et l’accouchement par césarienne ?

Il faut savoir que le microbiote correspond aux micro-organismes (bactéries, virus, parasites et champignons) qui peuplent l’intestin, la peau, la bouche ou encore le vagin, et avec lesquels nous vivons en symbiose pour nous maintenir en bonne santé.

Dans le ventre de sa mère, un bébé est stérile, il n’a donc pas de microbiote. C’est lors de l’accouchement, quand il va passer par le vagin de sa mère, qu’il va être contaminé par la peau, le nez et la bouche par les micro-organismes vaginaux et intestinaux de sa mère, qui sont essentiels pour développer son propre microbiote.

Mais quand un bébé naît par césarienne, il ne passe pas par le vagin, la transmission naturelle du microbiote de sa mère est alors perturbée et cela peut le prédisposer aux allergies, à l’obésité ou encore à l’inflammation intestinale.

Justement l’inflammation intestinale est le sujet d'une étude spécifique ?

Oui, les chercheurs de l’INRAE, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l'environnement, ont mené cette étude non pas sur des bébés humains mais sur des bébés souris. Voici ce qu'explique Rebeca Martin-Rosique, chercheuse à l’unité Micalis à l’Inrae et coautrice de l’étude : "Les souriceaux nés par césarienne ont une inflammation et une perméabilité de la barrière intestinale plus importante que ceux nés par voie naturelle. Ensuite à l’âge adulte, ils sont également plus sensibles aux maladies inflammatoires de l’intestin, comme la maladie de Crohn."

Cela suggère que des modifications du microbiote très tôt dans la vie ont des impacts à long terme, notamment sur l’inflammation intestinale.

Des solutions existent-elles ?

Heureusement oui, comme la prise de probiotiques, qui sont des bactéries ou des levures à avaler sous forme de poudre ou de gélules. Dans l'étude, les chercheurs ont supplémenté les souris nées sous césarienne avec les bactéries qui leur manquaient, et elles ont retrouvé un microbiote normal. Ces résultats encourageants ouvrent la voie à de nouvelles études sur l’efficacité de la prise de probiotiques chez les bébés humains nés par césarienne.

Pour aller plus loin : un article de Microbiome Journal (en anglais).

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