Santé : un accouchement par césarienne réduirait l'efficacité des premiers vaccins
Naître par césarienne ou par voie naturelle, c'est deux façons de découvrir le monde et ses microbes, avec des effets étonnants sur les défenses immunitaires. Les précisions de Géraldine Zamansky.
En matière de naissance par voie naturelle ou par césarienne, une équipe écossaise vient de montrer qu'il existe un lien entre l'entraînement des défenses immunitaires et la réponse aux premiers vaccins des mois plus tard. Décryptage de ces recherches récentes avec Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.
franceinfo : Une étude publiée cette semaine montrerait que ces toutes premières rencontres avec le monde extérieur se traduisent ensuite par des réponses différentes aux vaccins ?
Géraldine Zamansky : Pour comprendre, il faut réaliser un aspect moyennement magique de la naissance par voie naturelle. Sur son passage, le bébé entre en contact avec la flore vaginale de sa mère. Autrement dit, avec les germes qui font partie de l’équilibre local. La sortie prend souvent un peu de temps. Le nouveau-né a la bouche ouverte, ces germes peuvent passer dans son tube digestif. Ce sont les membres fondateurs du fameux microbiote intestinal dont on parle de plus en plus.
Avec un rôle fondamental que m’a expliqué le Pr Debbie Dogaert, pédiatre écossaise universitaire, à la tête des dernières découvertes. Selon ses termes, cette arrivée déclenche une sorte de formation, d’entraînement des défenses immunitaires face à ces premiers intrus. Ça, elle et ses collègues le savaient déjà. Ce que son équipe a montré, c’est un lien entre cette initiation et la réponse aux vaccins des mois plus tard.
C’est-à-dire que le démarrage du système immunitaire détermine sa réaction à la vaccination ?
Pour en apporter la preuve, le Pr Dogaert et des collègues néerlandais ont d’abord étudié le microbiote de nourrissons nés par voie naturelle ou par césarienne. Résultat, il est très différent après une césarienne, puisque la sortie est chirurgicale. Surtout, des mois plus tard, ces bébés ont été vaccinés contre la méningite et le pneumocoque.
Et là, l’équipe de chercheurs a comparé les réponses des défenses immunitaires à travers les productions d’anticorps déclenchées par le vaccin. Il y en avait deux fois moins après une césarienne. Mal mis en route, notre système de protection serait un peu moins efficace. Mais attention, le Pr Dogaert a bien insisté sur ce point. Pas de panique. Même à cette quantité, tous ces enfants nés en bonne santé étaient bien protégés.
Vous voulez dire que ce n’est peut-être pas le cas de bébés plus fragiles à la naissance ?
Cela fait partie des inquiétudes générées par ces résultats. Les prématurés par exemple naissent souvent par césarienne. Alors l’équipe cherche maintenant à mettre au point une version pharmaceutique du microbiote, attrapé par les bébés sortis naturellement. Il pourrait aussi servir à ceux qui ont perdu ces germes, à cause d’un traitement antibiotique par exemple. En attendant, le Pr Dogaert suggère un suivi plus personnalisé de la vaccination. Son efficacité pourrait être mieux surveillée chez les enfants fragiles, pour ajouter un rappel si besoin par exemple.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.