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Mieux prendre en charge le syndrome des jambes sans repos

Une étude de l'Inserm vient de montrer que le syndrome des jambes sans repos pouvait avoir de graves conséquences sur la santé mentale des personnes touchées faute d'une prise en charge adaptée, y compris faute de l'identification de ce syndrome qui détruit particulièrement la qualité du sommeil. 

Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'Association France Ekbom vient en aide aux malades atteints de la maladie de Willis Ekbom (Syndrome des Jambes sans Repos). (ASSOCIATION FRANCE EKBOM)

Aujourd’hui, peut-être que la priorité pour vous, c’était d’abord de rester au calme voire au lit, avec un livre par exemple. Et bien sachez que c’est une chance, un bonheur presque inaccessible pour les personnes qui souffrent du syndrome des jambes sans repos. Les explications de Géraldine Zamansky, journaliste au magazine de la Santé sur France 5.

franceinfo : Une équipe française vient de publier une étude sur les conséquences psychologiques importantes de cette maladie méconnue ? 

Géraldine Zamansky : Absolument, l’équipe du Pr Yves Dauvilliers, au CHU de Montpellier, a suivi de près l’état psychologique de 529 patients atteints de ce syndrome, pendant les mois qui ont suivi le début de leur prise en charge. Ils ont comparé leurs résultats à ceux de personnes du même âge dans la population générale, sans problème de santé particulier pendant la même période.

Et c’est impressionnant. Rappelons d’abord en quoi consiste cette maladie effectivement méconnue. Elle provoque des sensations que certains appellent des "impatiences". Elles sont semblables à des piqûres ou des fourmillements, en général dans les jambes, et elles ne s’atténuent que si la personne bouge.

Cela touche au moins 3% de la population et commence à partir de 40-50 ans, avec des symptômes plus forts en fin de journée, mais aussi la nuit. Ce qui abîme le sommeil. C’est tellement étrange que les personnes ont du mal à décrire ce qu’elles ressentent. Alors, elles restent longtemps en souffrance, sans diagnostic, ni traitement. 

On imagine alors bien que cela peut vraiment avoir des conséquences sur leur moral, et même on peut le dire, sur leur santé mentale ? 
 
C’est effectivement ce que l’étude montpelliéraine montre. Cette pathologie multiplie par 6 le risque d’avoir des symptômes de dépression, et par 3, celui d’avoir des idées suicidaires. Le Pr Dauvilliers m’a expliqué que c’était fortement lié à la dégradation du sommeil, très dangereuse pour la santé mentale.

Or, 80% des patients touchés par le syndrome des jambes sans repos souffraient d’insomnie au début de l’étude. Certains ne dorment presque plus du tout. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe désormais des traitements. Car on commence à comprendre que cette maladie est liée à un manque de fer, et à la perturbation de certaines communications entre les neurones. C’est la dopamine qui est impliquée. Des rééquilibrages très subtils améliorent vraiment les symptômes. 

Et cette amélioration chasse les idées noires ? 
 
Oui, pour les épisodes dépressifs, mais pas pour les idées suicidaires. Et l’équipe de chercheurs ne s’y attendait pas, comme si leurs patients en avaient honte et ne leur en avaient pas parlé, en dehors de cette étude. Ces résultats soulignent donc l’importance d’un suivi psychologique, en plus des autres traitements. Et il faut surtout davantage parler de cette pathologie, car beaucoup de personnes souffrent pendant des années avant d’être diagnostiquées ! 

>>> L’étude est payante mais résumée sur le site Inserm 

>>> Information sur le site de l’association de patients.

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