Les métiers de créativité et de travail en équipe réduisent le risque de maladie cognitive en vieillissant

Exercer une profession stimulante pour le cerveau permet de prévenir l'apparition de troubles cognitifs et de démence. C'est ce que démontre une étude norvégienne.
Article rédigé par Martin Ducret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les métiers de créativité et en équipe stimulent davantage le cerveau (illustration : exposition "Mission corps humain" au Pavillon des sciences de Montbéliard/2021). (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

Pour réduire le risque d'apparition de maladies liées au cerveau, avec l'âge, mieux vaut travailler en équipe et exercer un métier où l'on stimule la créativité. Le docteur Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin, revient sur les résultats de l'étude qui l'affirme.

franceinfo : Comment les auteurs de cette étude ont-ils procédé ?

Martin Ducret : C'est une étude norvégienne publiée dans la revue Neurology, dans laquelle les auteurs ont déterminé, chez 7000 participants de plus de 70 ans, quelle(s) profession(s) ils avaient exercé de la trentaine jusqu'à la retraite. Au total, 305 professions ont été identifiées et pour chacune, un indice de routine des tâches professionnelles a été attribué. Cet indice, d'une intensité de 1 à 4, considérait plusieurs dimensions du travail : le caractère répétitif des tâches manuelles et cognitives, le degré de réflexion et d’analyse d'informations, le niveau de compétence et d’interaction avec d'autres personnes. Par exemple, un travail à un poste isolé, avec beaucoup de répétitions de gestes manuels et laissant peu de place à la prise de décision était classé à 4, alors qu'un emploi stimulant la créativité, l'élaboration de projets et le travail en équipe était classé à 1. Les auteurs ont pu conclure que le risque d'apparition de troubles cognitifs et de démence était 37 % plus élevé dans les professions de niveau 4, qui ont un faible degré d'exigence cognitive, que celle de niveau 1.

Un travail peu stimulant pour le cerveau serait donc un facteur de risque d'apparition de troubles cognitifs, au même titre que l'inactivité physique par exemple ?

Absolument, selon le Professeur Audrey Gabelle, neurologue au centre mémoire au CHU de Montpellier : "Le degré de réflexion au sein d'une profession est un élément déterminant sur lequel on peut agir pour retarder la survenue d’une démence." L'objectif est de préserver au maximum notre réserve cognitive, c'est-à-dire la capacité du cerveau à rester opérationnel, qui dépend de nombreux facteurs : l'âge, l'éducation, la survenue de certaines maladies chroniques comme le diabète ou encore le type de profession.

Comment faire si l’on n’exerce pas un métier stimulant intellectuellement ?

En continuant de se former pour gagner en compétence et faire évoluer sa carrière professionnelle. Plus radicalement, on peut choisir de changer de métier. Sinon, pendant un travail manuel répétitif, on peut écouter des podcasts de philosophie ou d'histoire. Il est aussi possible d'occuper son temps libre avec une activité plus épanouissante intellectuellement, s'engager dans une association par exemple. L'essentiel est de stimuler positivement notre cerveau tout au long de la vie, de le sortir de sa zone de confort, d’attiser sa curiosité et de cultiver sa créativité.

Pour en savoir plus : le détail de l'étude (article en anglais).

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