La dépression peut avoir plusieurs "visages" : six "sous-types" différents ont été identifiés grâce à l'IRM fonctionnelle
La dépression ne cloue pas forcément ses victimes dans leur lit ou sur leur canapé. Elle peut prendre bien d’autres visages. Au moins six, selon une étude américaine qui les a "vus" dans le cerveau des patients grâce à des IRM. Les précisions de Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.
franceinfo : L’enjeu est surtout de pouvoir mieux adapter les traitements ?
Géraldine Zamansky : Exactement, c’est tout l’intérêt de cette recherche. Non seulement elle identifie très précisément six sous-types de dépression, mais en plus, elle parvient à leur associer des solutions plus efficaces. Tel ou tel médicament ou au contraire une psychothérapie.
L’enjeu est bien de réduire les trop fréquents échecs des premières ordonnances, comme me l’a expliqué le Dr Leonardo Tozzi, un des médecins chercheurs au cœur de cette étude, à l’Université de Stanford en Californie.
Son équipe a donc réussi à mobiliser 801 patients concernés, au début de leur parcours de soins. C’est d’abord leur cerveau qui a été examiné grâce à des IRM dites fonctionnelles, capables, en très simplifié, de visualiser le niveau d’activité des neurones.
Et cet examen a donc montré différents dérèglements dans l’activité du cerveau ?
C’est ça. Et d’habitude, dans ce type de recherche, les volontaires ont pour seule mission de "ne penser à rien". Cette fois, le Dr Tozzi m’a précisé que leur cerveau a même été décrypté en pleine action, avec des tests d’attention et de réaction aux émotions. L’ensemble a permis de distinguer plusieurs "profils" de perturbations. Avec des hyperactivités ou des ralentissements…
Impossible de vous détailler les caractéristiques assez complexes des six sous-types mis au jour. Mais leur pertinence a été confirmée par des tests, réalisés cette fois hors de l’IRM. Avec, par exemple, un groupe très diminué dans sa capacité de concentration, qui réagit très bien à une certaine famille d’antidépresseurs.
Cela pourrait devenir des outils diagnostiques de routine ?
Alors malheureusement, comme me l’a confirmé le Pr Antoine Pelissolo, chef de service de psychiatrie à l’Hôpital Henri Mondor en région parisienne, il n’y a pas assez d’IRM fonctionnels en France aujourd’hui. L’identification des profils et surtout des bons traitements sera peut-être plus facile grâce aux tests réalisés hors de la machine.
Mais le Pr Pelissolo apprécie cette avancée dans l’exploration des processus perturbés, avec l’espoir de prescriptions plus personnalisées, et donc plus efficaces. Et il n’est pas surpris pas les bons résultats des thérapies comportementales et cognitives pour plusieurs groupes.
Ces stratégies très "pratiques", peuvent par exemple agir sur la gestion des émotions et, à elles seules, résoudre certaines dépressions. Ce sont des parcours qui commencent à être plus souvent proposés, y compris en ligne.
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