La connexion entre microbiote intestinal et santé osseuse identifiée sur des souris de retour de l'espace
Direction l'espace aujourd'hui, avec Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5. Car une nouvelle solution contre l’ostéoporose pourrait être identifiée grâce à des "souris-nautes", des souris qui ont séjourné dans la Station spatiale internationale.
franceinfo : Les problèmes de dégradation osseuse chez l'être humain, pourraient être compensés grâce à notre microbiote intestinal ?
Géraldine Zamansky : Absolument. C’est le fruit d’une étonnante aventure que m’ont racontée Wenyuan Shi et Joseph Bedree, les deux microbiologistes de l’Institut américain Forsythe, à l’origine de cette découverte. L’aventure de 20 souris, parties un peu plus d'un mois, dans la Station spatiale internationale avec des collègues de Thomas Pesquet. Leur misssion ? Vivre en apesanteur, comme les astronautes, et passer, comme eux, beaucoup d’examens médicaux avant, pendant, et après leur séjour. Pour suivre ici plus particulièrement leur densité osseuse.
Car vous en avez sans doute déjà entendu parler : quand le corps n’est plus soumis à la gravité, les os s’affaiblissent. Normalement, ils se renouvellent en permanence, grâce à la stimulation générée par les mouvements et le poids du corps. Là-haut, sans ce poids, rien ne va plus. Et à l’échelle d’une vie de souris, un mois en apesanteur serait l’équivalent d’une année pour Thomas Pesquet.
Donc ces souris-nautes ont permis de décrypter "en accéléré", les processus associés à cette dégradation osseuse ?
Voilà, et avec, au cœur des mécanismes identifiés, le microbiote intestinal. Ce n’est pas très glamour, mais facile à étudier, à travers les selles des souris rentrées sur terre. Joseph Bedree m’a expliqué qu’ils y ont trouvé un nombre accru de deux familles de bactéries. Et en les étudiant de près, ils ont découvert que ces bactéries seraient capables de fabriquer des molécules connues pour leur rôle dans la stimulation osseuse.
Et cette fabrication semble confirmée par la présence de ces "stimulants" dans les résultats d’analyses sanguines des souris-nautes. C’est comme si, a poursuivi avec enthousiasme Wenyuan Shi, le microbiote avait déclenché un mécanisme de compensation pour lutter contre les effets de l’apesanteur sur les os.
Donc cette fameuse flore intestinale pourrait contribuer à la reconstitution des os ? Et peut-être pas seulement dans l’espace ?
Bien sûr, impossible de ne pas y penser. Même s’il rappelle que la science exige des preuves supplémentaires, Wenyuan Shi croit à cette connection entre notre microbiote et notre santé osseuse. Et cela permettrait de trouver des nouveaux traitements contre l’ostéoporose. L’ostéoporose, c’est la version très terrestre du problème des astronautes. Une perte de densité osseuse chez les personnes âgées. L’idée serait par exemple de bien identifier ces bactéries "réparatrices" et d’en apporter la bonne dose à la flore intestinale.
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