Des chercheurs percent enfin les mystères du Covid long
Trois ans après l’apparition des premiers cas, les chercheurs commencent enfin à percer les mystères du Covid long. Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5, décrypte pour franceinfo des résultats impressionnants, publiés cette semaine par des équipes britannique et américaine ?
franceinfo : De quels résultats parle-t-on ? Quels effets concrets pour ces patients qui souffrent pour certains encore de symptômes liés au Covid long ?
Géraldine Zamansky : Oui, il s’agit d’abord d’une visualisation des séquelles du passage du virus sur le cerveau, les poumons et les reins, grâce à des IRM de très haute précision. Les patients concernés avaient été hospitalisés à cause du Covid, cinq mois plus tôt. Même le Dr Betty Raman, qui a coordonné ce suivi à l’Université d’Oxford, a été surprise. D’abord, par une bonne nouvelle pour le cœur, qui semble capable de bien récupérer.
Mais pas le cerveau ?
Effectivement. Elle m’a expliqué que le cerveau présentait des cicatrices. Provoquées par des sortes de micro-AVC. Les images montrent aussi une légère réduction du volume de zones responsables de la mémoire par exemple. Le Dr Raman m’a enfin décrit différentes atteintes au niveau des poumons et des reins. Avec une conclusion sans appel : plus les organes étaient objectivement abîmés, plus l’état de santé physique et psychologique des patients concernés était dégradé.
Mais qu’est-ce qui a provoqué ces dégâts ?
Selon une découverte presque simultanée de cette équipe, ce serait la formation de petits caillots de sang. Et ils ont bloqué l’arrivée du sang dans certains vaisseaux de ces organes. C’est l’hypothèse que m’a présentée le Dr Maxime Taquet, un collègue du Dr Raman.
Car ils ont trouvé un lien entre une coagulation excessive au début de la maladie, une "usine à caillots" et la survenue de symptômes du Covid long, des mois plus tard. Rappelez-vous, je viens de vous parler de micro-AVC dans le cerveau. Cela correspond bien aux problèmes décrits par les patients, comme le "brouillard cérébral" qui les empêche de se concentrer.
Et en plus, une équipe américaine montre que ces personnes seraient même peut-être encore en train de lutter contre le virus ?
C’est une des pistes que m’a présentée Sasha Tabachnikova, de l’Université de Yale. Ils ont trouvé dans le sang de ces patients, un excès d’anticorps, destinés à lutter contre le coronavirus. Comme s’il était encore là. En plus, il aurait entraîné le réveil du virus d’Epstein-Barr, un virus généralement "dormant" que nous avons presque tous. Ces découvertes donnent bien sûr des idées de traitement. Et pourrait permettre de diagnostiquer le Covid long, par une simple prise de sang !
>>> LIRE
- L’étude imagerie (publiée le 22 septembre 2023 dans The Lancet)
- L’étude immunitaire et l’étude coagulation (publiées le 25 septembre et le 31 août 2023 dans Nature)
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