Cet article date de plus de deux ans.

Cancer du sein : un espoir pour éviter la chirurgie ?

Traiter un cancer du sein sans passer par l’opération chirurgicale, c’était l’objectif incroyable d’une étude américaine qui vient de publier ses résultats, un essai clinique qui ne porte pour l'instant que sur une trentaine de femmes. Les précisions de Géraldine Zamansky. 

Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'essai clinique réalisé par les chercheurs américains sur une trentaine de patientes, ne concerne que des cancers du sein peu avancés, et avec un type de cellules facilement détruites par la chimiothérapie. (Illustration) (PONYWANG / E+ / GETTY IMAGES)

En ces derniers jours de ce mois qu'on appelle Octobre Rose, organisé chaque année pour le dépistage du cancer du sein – un cancer dont on guérit dans 90% des cas – décryptage d'une étude américaine qui pourrait être source d'espoir pour éviter l'opération chirurgicale, des résultats à interpréter avec prudence, selon Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.

franceinfo : C’est sérieux, des femmes ont vraiment pu se débarrasser de leur tumeur du sein en évitant la chirurgie ?

Géraldine Zamansky : C’est très sérieux mais attention, même les auteurs américains de cet essai clinique appellent à la prudence sur l’interprétation de leurs résultats. Car ils se limitent pour l’instant à un petit groupe de 31 femmes qui avaient été très sélectionnées, et qui ont été suivies en moyenne seulement deux ans.

Mais aucune d’elles n’a vu resurgir son cancer après l’avoir combattu, par l’association d’une chimiothérapie et d’une radiothérapie sans aucune opération chirurgicale. Pour nous, cela semble formidable bien sûr. Le regard d’un spécialiste comme le Pr François-Clément Bidard, oncologue à l’Institut Curie, est aussi modéré que le suggèrent ses confrères américains. Mais il y voit quand même un encouragement à de nouvelles recherches, pour agrandir ce groupe en toute sécurité.

Comment l’équipe américaine avait-elle sélectionné les patientes ?

Les critères étaient très stricts. Ne rentraient dans l’étude que des femmes dont le cancer était à un stade peu avancé, et avec un type de cellules facilement détruites par la chimiothérapie. Pour les plus informés, il s’agissait soit de cancers du sein dits HER2, soit de ceux appelés triples négatifs. Au départ elles étaient 50. Et pour plus de la moitié du groupe, après la chimiothérapie et la radiothérapie, la tumeur faisait moins de 2 cm.

Alors une biopsie, un prélèvement, y a été réalisé avec l’aide de l’échographie pour être sûr d’être au bon endroit. Et en fait, aucune cellule cancéreuse n’a été retrouvée. Ce n’était plus qu’une sorte de zone de cicatrice. C’est pour ça que l’équipe a tenté d’éviter la chirurgie à ces femmes.

Mais bien sûr, à ce stade, impossible de généraliser cette approche ?

Exactement. Le Pr Bidard m’a rappelé que ces deux types de cancers sont malheureusement parmi ceux qui récidivent le plus. Si la biopsie passe à côté de quelques cellules résistantes aux traitements, elles peuvent entraîner une rechute bien plus lourde à traiter. A ce moment-là, il n’est plus possible d’enlever seulement une petite partie du sein comme au premier diagnostic.

Alors pour cet oncologue, il faut trouver de nouvelles techniques capables d’éviter ce risque, en identifiant la moindre cellule encore présente. Et cela ne prendra peut-être pas trop de temps. Car avec les progrès incroyables de l’immunothérapie pour d’autres cancers, cette question se pose de plus en plus souvent. On peut espérer que le nombre de patients concernés stimulera le financement de recherches efficaces !

>>> Plus d'infos 

-  L’étude

-  Centre MD Anderson, Université du Texas

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.