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C'est ma planĂšte. Label pĂȘche durable, un label en eaux troubles

Depuis 1997, un label est censĂ© certifier que le poisson qu'on achĂšte a Ă©tĂ© pris dans une zone du globe oĂč l'on ne pĂȘche pas sans compter. C'est ma planĂšte se penche dessus. 

Article rédigé par France Info, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un chalutier en mer d'Écosse en 2013 (THIERRY CREUX / MAXPPP)

Vous vous demandez comment bien choisir votre poisson pour les repas de fĂȘte ? Vous ĂȘtes un consommateur averti qui s'inquiĂšte de savoir si le poisson qu'il consomme ne provient pas d'une zone du globe oĂč l'on pĂȘche sans compter, voire avec des marins sous payĂ©s Ă  bord des bateaux ? Il n'existe qu'un label pour vous renseigner. C'est le label MSC : Marine Stewardship Council.

Ce label, qui existe depuis 1997, visait Ă  rĂ©pondre aux problĂšmes de surpĂȘche qui menace certaines espĂšces. Depuis l'effondrement des stocks de morue de Terre-Neuve, mĂȘme les professionels de la pĂȘche ont bien vu que l'on ne pouvait pas scier la branche sur laquelle ils Ă©taient assis. Il fallait accepter, mĂȘme si ce n'est pas facile, de limiter le nombre de prises.

Comment fonctionne ce label

Le MSC est un organisme Ă  but non lucratif qui impose un certain nombre de critĂšres aux pĂȘcheries qui veulent pouvoir apposer le label sur les poissons vendus en magasin.

À l'origine, le WWF et le gĂ©ant Unilever se sont associĂ©s pour crĂ©er un label qui gagne petit Ă  petit la confiance des consommateurs. Environ 10% des captures portent aujourd'hui ce label MSC. Pour dĂ©finir ses critĂšres, un collĂšge d'experts d'ONG environnementales, de scientifiques, d'armateurs, de pĂȘcheurs se rĂ©unissent rĂ©guliĂšrement pour dĂ©cider quelles pĂȘcheries pourront prĂ©tendre Ă  ce prĂ©cieux sĂ©same.

Pourquoi son attribution est critiquée

Durant ces rĂ©unions entre pĂȘcheurs, qui ne veulent pas rĂ©duire leurs prises, et associations environnementales, qui veulent protĂ©ger l'Ă©co-systĂšme, le consensus n'est, bien sĂ»r, pas toujours Ă©vident.  Au milieu, les scientifiques sont pris en Ă©tau pour ĂȘtre le plus prĂ©cis possible sur les stocks de poissons et leur capacitĂ© Ă  se reproduire.

DĂ©jĂ , en 2003, plusieurs associations ont critiquĂ© l'attribution de ce label pĂȘche durable pour du merlu d'Afrique du Sud qu'ils estimaient pourtant en danger. MĂȘme chose en 2010 avec la lĂ©gine d'Antarctique, une espĂšce clĂ© dans la rĂ©gion. Enfin, jeudi 8 dĂ©cembre 2016, l'association Bloom estimait que le label se dĂ©crĂ©dibilisait une fois de plus sur l'empereur de Nouvelle-ZĂ©lande, un poisson pĂȘchĂ© Ă  2 000 mĂštres de profondeur, parfois, par des chalutiers destructeurs des fonds marins.

Comment le label tente de conserver une crédibilité

Un porte-parole du MSC a rĂ©pondu Ă  l'association, estimant que cette pratique Ă©tait en train de changer. Le label semble de plus en plus nager en eaux troubles depuis que le WWF, pourtant à son origine, a regrettĂ© le mois dernier qu'il soit accordĂ© Ă  une entreprise de pĂȘche de thon dans l'ocĂ©an Indien. LĂ  oĂč les scientifiques doutent, de plus en plus, de la durabilitĂ© de la pĂȘche dans cette zone pour ce poisson le plus consommĂ© au monde.

Si ce label perd sa crédibilité, il laissera les consommateurs sans référence sur l'origine de leur poisson.

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