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C'est dans ma tête. La résidence alternée de l'enfant : "Totalement déconseillée avant 3 ans"

L’Assemblée nationale va débattre jeudi prochain, le 30 novembre, d'une proposition de loi visant à faire de la résidence alternée de l’enfant, en cas de séparation de ses parents, la solution à examiner en premier lieu. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
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Publié Mis à jour
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Dessin d'enfant (illustration). La résidence alternée pour les enfants de moins de 3 ans est totalement déconseillée selon de nombreux spécialistes. (MAXPPP)

L’Assemblée nationale commencera à débattre la semaine prochaine, jeudi 30 novembre, d'une proposition de loi qui vise à faire de la résidence alternée de l’enfant, en cas de divorce ou de séparation des parents, la solution à examiner en premier lieu. On sait que des propositions de ce type ont déjà été rejetées. L'avis de la psychanalyste Claude Halmos. 

Comment expliquer que ce genre de proposition fasse autant débat ? 

La proposition actuelle fait particulièrement débat parce qu’elle propose, vous l’avez dit, que la résidence alternée de l’enfant soit, en cas de divorce, la première solution examinée. Ce qui revient à poser qu’elle serait la plus adaptée pour tous les enfants, ce que de très nombreux spécialistes contestent.  

Pour quelles raisons est-elle contestée par de nombreux professionnels ?  

Parce qu’un enfant a besoin, pour se construire, de stabilité et de sécurité, surtout quand il est petit. Et, à ce titre, la majorité des spécialistes considèrent que la résidence alternée est totalement déconseillée avant 3 ans. Mais elle n’est pas non plus sans problèmes pour les plus grands (c’est à dire avant 11 ans).

D’abord parce que vivre dans deux maisons n’est jamais simple : les adultes qui sont obligés de le faire, le savent. Mais surtout parce que la résidence alternée arrive à un moment de la vie de l’enfant, où il est déjà fragilisé par le divorce de ses parents. Le divorce de ses parents n’est jamais destructeur pour un enfant, s’ils le lui expliquent, s’ils l’écoutent et s’ils l’accompagnent. Mais il constitue toujours pour lui une épreuve psychologique importante. Parce qu’il doit faire le deuil de la vie qu’il avait auparavant, investir sa nouvelle vie, et parvenir à y trouver des repères et à s’y sentir bien.

Devoir le faire dans deux lieux, est évidemment plus difficile. Cela oblige l’enfant à mobiliser, pour y parvenir, une énergie qu’il ne peut plus utiliser ailleurs. Et cela provoque souvent chez lui des souffrances, dont il n’ose que très rarement parler.  

Est-ce que la vie quotidienne avec un seul de ses parents, ne risque pas de couper l’enfant de son autre parent ? 

Ce n’est jamais la résidence chez l’un des parents qui coupe l’enfant de l’autre. Ce qui le coupe de l’un de ses parents c’est que ce parent soit dénigré par l’autre (quand il prend l’enfant en otage, pour régler ses comptes). Et ce qui l’en coupe aussi, c’est que le parent chez qui l’enfant réside, ne fasse pas de place à l’autre, et notamment ne fasse pas référence à lui dans l’éducation.

Si un enfant vit chez sa mère, par exemple, il est très important qu’elle lui dise bien que, quand elle lui demande ou lui interdit de faire quelque chose, elle n’agit pas en son seul nom, mais aussi au nom de son père. De cette façon, l’enfant a en permanence, ses deux parents présents dans sa tête. Il sait que son parent absent continue à s’occuper de lui et que, lui, a le droit de l’aimer. Et tout va bien.  

Pourquoi y a-t-il autant de débats autour de la résidence alternée ?

Parce qu’elle pose, une fois de plus, la question du statut donné à l’enfant. La volonté de généraliser la garde alternée est fondée sur le désir des parents qu’aucun d’eux ne soit exclu, par le divorce, de la vie de son enfant. C’est un désir légitime. Et d’ailleurs être coupé de l’un de ses parents est toujours très destructeur pour un enfant.

Mais il ne faudrait pas pour autant oublier (c’est l’éternelle histoire du jugement de Salomon…) qu’un enfant n’est pas un objet que l’on pourrait couper en deux, pour que chaque parent en ait un morceau. Un enfant est un être à part entière, qui a des besoins dont ses parents – et la société –  doivent tenir compte. Et, de ce point de vue, je crois que la résidence alternée pour tous les enfants, à tous les âges et dans toutes les situations familiales, serait une sorte de fausse réponse (et de réponse dangereuse) à une vraie question...  

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