C'est dans ma tête. Femmes violentées : des lieux pour vaincre la solitude
La Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, a eu lieu lundi 25 novembre. À Nantes, un lieu vient d'ouvrir ses portes pour les femmes victimes de violences. Il a pour nom "Citad'elles" et ces femmes pourront y être accueillies avec leurs enfants, 24h sur 24.
On a célébré lundi dernier, 25 novembre, la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Et l’ouverture, à Nantes, de Citad’elles, un lieu où des femmes victimes pourront être accueillies, 24h/24, et 7j/7, avec leurs enfants. Et où elles pourront être écoutées, conseillées, aidées, protégées, et même hébergées. Un tel lieu est évidemment très important pour elles, sur le plan matériel. Avec la psychanalyste Claude Halmos, on se penche aujourd'hui sur ce que de tels lieux peuvent signifier pour elles.
franceinfo : Que peut représenter ce type de lieu pour ces femmes, sur le plan psychologique ?
Une femme violentée, dans le huis-clos de son foyer, est aussi perdue qu’un naufragé qui dériverait sur l’océan, sans espoir de s’en sortir. Et une institution comme Citad’elles peut être pour elle le signe qu’une possibilité d’être secourue, existe.
Vous pouvez nous expliquer cela ?
Une femme violentée vit toujours dans une solitude extrême et, de plus, double : elle est seule parce que son bourreau, surtout s’il est pervers, a souvent fait en sorte de l’isoler de ses proches. Et seule aussi parce que, par peur, par crainte qu’on ne la croie pas, ou pour le protéger, elle cache à tout le monde ce qu’elle vit.
Quand elle est loin de son bourreau (à son travail, par exemple), elle peut avoir, pendant quelques heures, une vie normale. Mais, dès qu’elle rentre chez elle, et qu’elle le retrouve, elle est comme happée à nouveau, dans une sorte de cercle magique, et maléfique, qui est celui de la relation à lui.
Elle retrouve les injures, et les coups ; la terreur, qu’il manipule, et qui lui fait perdre toutes les coordonnées qu’elle peut avoir d’elle-même. Elle retrouve l’emprise qu’il a sur elle ; l’impression qu’il est tout-puissant, qu’elle n’a aucun recours, et que, même si elle fuyait, il la retrouverait, où qu’elle aille. Elle est ligotée par un sentiment de totale impuissance.
Quel peut être alors le rôle d’un lieu comme Citad’elles ?
Sa création est, en elle-même, essentielle. Elle montre à ces femmes que la société sait ce qu’elles vivent, et surtout qu’elles ne sont pas des cas isolés. Et c’est très important, parce que cela peut les aider à sortir de l’idée - invalidante - qu’elles seraient porteuses d’une pathologie exceptionnelle, et exceptionnellement honteuse.
Et la façon dont ce lieu est conçu est également, pour ces femmes, très parlante. Il est sécurisé, et des policiers peuvent les y accompagner. Cela leur montre que l’on connaît la dangerosité de leurs agresseurs, que l’on est capable d’y faire face, et qu’ils ne sont donc pas aussi invulnérables qu’ils le disent.
Elles peuvent y être hébergées, avec leurs enfants. Elles sont donc assurées de ne pas être, si elles doivent quitter leur domicile, sans recours. Des avocats sont présents. Ils peuvent les aider à sortir de l’enfer, mais aussi à comprendre que, contrairement à ce qu’ils leur font croire, leurs agresseurs ne sont pas au-dessus des lois.
Et puis il y a, dans ce lieu, des psychiatres, et des psychologues qui peuvent les écouter, et les aider à retrouver leur route. Ces lieux peuvent donc aider les femmes violentées à sortir du cauchemar. Et on ne peut que souhaiter qu’ils se multiplient.
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