Japon : pour mesurer leur dangerosité, des conducteurs sont priés de boire avant de conduire sur un circuit d’apprentissage
Au Japon, les autorités se disent prêtes à utiliser tous les moyens pour convaincre les conducteurs de ne pas prendre le volant sous l’emprise de l’alcool. Une expérience consiste à faire boire des cocktails à des automobilistes avant de les faire conduire sous surveillance. Cette première a lieu dans la ville de Chikushino, dans la préfecture de Fukuoka. Une préfecture connue au Japon pour être l’une des plus strictes en matière de lutte contre l’alcool au volant.
Un drame marquant à l'origine
Pour justifier sa vigilance, la région fait régulièrement référence à un drame qui remonte à 2006. Cette année-là, en août, un jeune homme saoûl avait percuté, sur un pont, le SUV d’une famille et l’avait précipité dans l’océan. Les parents avaient survécu mais leurs trois enfants étaient morts dans l’accident. Depuis, la préfecture se veut en pointe sur ce sujet. Elle fait beaucoup de répression, mais aussi de la prévention.
>> Transports : taxer les voitures au kilomètre, l'idée fait son chemin aux États-Unis... et en France
En 2012, la municipalité de Fukuoka, grande ville de la région du même nom, avait notamment interdit à tous ses fonctionnaires de boire de l’alcool pendant un mois entier. Cette année, la police explique qu’elle veut raisonner les conducteurs les plus confiants, ceux qui se croient capables de conduire après avoir bu quelques verres seulement.
Boire pendant une heure avant les slaloms
L’expérience n’est faite qu’avec des volontaires, encadrés par l’auto-école et la police sur un circuit d’apprentissage. Avant de boire, tous les conducteurs font une fois le circuit classique, qui comprend notamment un slalom et des virages serrés. Ensuite, ils se mettent à table et ils boivent pendant une heure. Il y a de la bière, de l’umeshu, c’est un alcool de prune très sucré, et du Shochu, c’est une boisson distillée assez forte, qui dépasse les 25 degrés d’alcool.
Ensuite, lorsque leur taux d’alcool dans le sang est supérieur au taux légal au Japon, soit 0,15 milligrammes d’alcool par litre d’air expiré, tous reprennent le volant et refont le même circuit avec un instructeur à leur côté. Et là, l’instructeur les arrête dès qu’ils échouent ou qu’ils font une erreur, comme arriver trop vite dans le slalom, freiner trop tard ou virer trop larges dans les courbes serrées.
Ébranler les conducteurs trop confiants
Les élèves qui passent ce test semblent surpris de leurs erreurs de conduite lorsqu’ils ont bu. Après les cocktails, tous se disent capables de conduire sans aucun problème et certains ne réalisent même pas qu’ils ont modifié leur manière de conduire après avoir consommé de l’alcool.
C’est exactement ce message que cherche à faire passer la police de Fukuoka, elle veut montrer que les conducteurs trop confiants dans leur capacité à manœuvrer après quelques verres sont très dangereux. Les statistiques montrent qu’ils ont sept fois plus de chance de se retrouver impliqués dans un accident mortel que les conducteurs sobres.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.