Japon : pour contrebalancer le vote des personnes âgées, des élus pensent à faire voter les enfants

Avec la chute de la natalité, des élus japonais craignent de voir le pays gouverner de plus en plus dans le seul intérêt des personnes âgées. Pour inverser la tendance, l'idée serait de prendre en compte un vote supplémentaire par enfant.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Au rythme actuel, la population japonaise risque d'être divisée par deux d'ici à 2100. Illustration. (D3SIGN / MOMENT RF)

Au Japon, des élus commencent à s’inquiéter de l’impact du vieillissement de la population sur leur démocratie. Pour empêcher la dérive qui consisterait à favoriser l'intérêt des personnes âgées au détriment de la jeunesse, ils ont une idée révolutionnaire. Ils proposent tout simplement de faire voter tous les mineurs. Techniquement, ce ne sont pas les enfants qui iraient voter, mais leurs parents, qui gagneraient un droit de vote supplémentaire pour chacun de leurs enfants.

Déclin de la démographie doublé d'une abstention des jeunes

Le concept a été théorisé il y a quelques années par le démographe Paul Demeny, qui a beaucoup travaillé autour de la difficulté des démocraties à prendre en compte les intérêts des jeunes générations. Comme lui, certains élus japonais estiment que le pays vieillissant risque de ne pas assez écouter sa jeunesse. C'est le cas du gouverneur d’Osaka, Hirofumi Yoshimura, qui est aussi l’un des leaders du Nippon Ishin No Kai, l’un des grands partis populistes de droite. C’est lui qui a récemment défendu cette idée d’un vote des enfants. Il explique que les jeunes électeurs pèsent de moins en moins dans les grands scrutins. La chute de la natalité est de plus doublée d'une très faible mobilisation des jeunes lors des élections. Il y a encore beaucoup d’abstention chez les 18-25 ans.

Automatiquement, les personnes âgées qui votent régulièrement et qui sont plus nombreuses dans le corps électoral, ont un poids démesuré. Pour la députation ou dans les collectivités locales, les candidats aux élections sont pleinement conscients de ce déséquilibre. Ils ont maintenant tendance à flatter le conservatisme des personnes plus âgées et à négliger les grandes réformes structurelles dont le pays aurait vraiment besoin.

Ce vote des enfants ne sera probablement pas accepté. Même si des politologues trouvent le concept très intéressant, la plupart des experts et des élus estiment qu’il est quasiment impossible à appliquer concrètement. Cela créerait trop de problèmes constitutionnels et même, peut-être, des conflits dans les familles où les parents n’ont pas la même orientation politique...

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