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Fusillades aux Etats-Unis : des sommes colossales investies dans des plans 3D des écoles, destinés à faciliter l’intervention des secours

Pour prévenir les tueries dans les écoles, les Américains ont pensé à équiper les enfants de cartables pare-balles, à armer les enseignants ou encore à installer des drones dans les salles de classe. Une autre idée fait jour : créer des cartes en trois dimensions de l’école pour aider la police et les secours à intervenir.

Article rédigé par franceinfo - Loic Pialat, édité par Ariane Schwab
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Un shérif en Arizona (Etats-Unis), en août 2020. (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO)

Comment intervenir plus vite et plus efficacement quand un drame se produit dans une école ? Plusieurs États américains se penchent sur la question d'établir des plans en 3D des lieux car, fait valoir Jesse James, un élu du Wisconsin ancien policier, chaque minute compte dans ces moments-là, qu’il s’agisse d’une fusillade ou d’une piqure d’abeille.  

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Après la tuerie du lycée de Colombine dans le Colorado en 1999, qui avait fait 13 morts et traumatisé le pays, de nombreux États américains avaient demandé aux écoles de fournir un plan de l’établissement aux autorités. Mais ces cartes sur papier sont difficiles à mettre à jour et elles reprennent souvent le nom officiel, type salle de classe numéro 323. Sauf que dans le stress d’une fusillade, une personne qui appellerait la police, dirait au téléphone : le tireur est dans la salle de Mme Smith, pas le numéro de la salle.

Une carte numérique permet de facilement préciser ces éléments. Plusieurs États ont donc l’idée de faire des versions en 3 dimensions, sur un modèle inspiré des cartes utilisées par les militaires en Irak ou en Afghanistan, indiquant où sont les portes, les escaliers, les lignes électriques, les accès au toit et ce genre de choses. Beaucoup de policiers aujourd’hui dans leur véhicule ont des ordinateurs sur lesquels ils peuvent regarder ces plans en 3D. D’après le magazine Fast Company, l’Iowa, le New Jersey, le Wisconsin et la Virginie ont planché sur le sujet ces derniers mois et la tuerie d’Uvalde au Texas en mai qui a fait dix-neuf enfants morts et deux enseignantes, a accéléré le processus.

5 000 dollars le plan 3D pour une efficacité encore à prouver

La législation consiste le plus souvent en une incitation financière. Créer un plan numérique coûterait autour de 5 000 dollars. Beaucoup d’écoles ont des budgets trop serrés pour une telle somme et d’autres priorités. La Virginie a créé un programme remboursant jusqu’à 3 500 dollars. Le gouverneur de l’Iowa veut réaffecter 6 millions de dollars du fond d’aide contre le Covid à ces plans 3D, idem dans le New Jersey. Dans le Wisconsin, les écoles ont déjà l’obligation de fournir des cartes des bâtiments à la police mais l’État subventionne en partie le passage d’une version papier en 2D à une version numérique en 3D.  

Mais le coût reste très lourd. Une professeure de droit pénal de Xavier University interrogée par Fast Company se demande si ce n’est pas trop d’argent justement car il n’y a pas d’études convaincantes sur l’efficacité de la méthode. À Uvalde, les forces de l’ordre ont été critiquées pour leur inaction mais rien ne prouve qu’un plan 3D aurait changé le timing de l’intervention. En plus, le protocole lors d’une fusillade dans une école veut que le premier policier sur place entre sans attendre de renfort. L’an dernier en tout cas, l’État de Washington a arrêté de financer les plans des écoles et réinvesti l’argent dans un programme formant les enseignants à identifier les élèves à risque pour agir, si possible, avant qu’il ne soit trop tard.

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