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Football : au Japon, l'équipe féminine de Kobe mise sur les places à "prix libre" pour attirer davantage de supporters au stade

Face au dédain du public pour le football féminin, le club de Kobe, qui représente pourtant une des meilleures équipes mondiales, a du mal à s'assurer des revenus stables. Il a eu l'idée d'attirer des néophytes avec des billets à "prix libre".
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les joueuses de l'INAC Kobe Leonessa lors d'un match le 14 mai 2022 à Tokyo au Japon. (HIROKI WATANABE / GETTY IMAGES ASIAPAC)

Au Japon, une grande équipe du championnat féminin propose de laisser les fans décider eux-mêmes combien ils sont prêts à payer pour voir un de leur match. Cette initiative très originale vient d’être annoncée par le club INAC Kobe Leonessa, l’équipe de foot féminine de la ville de Kobe au centre du Japon.

Ce club est souvent dans les premières places du championnat japonais. Il fournit beaucoup de joueuses à l’équipe nationale, qui s'est distinguée lors de la dernière Coupe du monde. Beaucoup d’athlètes passées par Kobe partent d'ailleurs faire des grandes carrières à l’international, notamment dans le championnat anglais.

Mais malgré ces succès, le club peine à se constituer une base de spectateurs fidèles qui assureraient des revenus stables. Alors il a décidé de tester un nouveau mode de vente de ses billets : payer en fonction des attentes ou du niveau de satisfaction. La campagne lancée par le club a été baptisée en anglais "Shall We Pay ?", c’est-à-dire "Devons-nous payer ?". Concrètement, les spectateurs se rendent au stade Noevir de Kobe et versent le montant qu’ils jugent approprié, en fonction de la performance de l’équipe. Tout le monde donne au moins 100 yens, soit 60 centimes d’euros, pour entrer. Mais ensuite, les spectateurs complètent leur paiement en fonction de leur plaisir.

Un rattrapage du prix du billet sur les produits dérivés

La dernière fois que l’équipe a testé ce système, des spectateurs ont décidé de donner 10 000 yens, soit 63 euros, d’autres ont laissé seulement 1 000 yens, soit 6 euros, ou même moins. Au total, le club a récolté 887 000 yens en vente de billets (5 588 euros), mais deux fois plus en vente de produits dérivés. L'addition représente une recette supérieure aux matchs 100 % payants habituels. Le patron du club dit que cette expérience l’aide à se faire une idée sur le prix idéal d’un billet. Pas trop bas pour générer quand même un peu d’argent, mais pas trop haut non plus pour réussir à attirer des nouveaux fans qui viennent au stade pour la première fois.

Comme le championnat de football féminin n'est pas très suivi au Japon, la difficulté pour le club de Kobe, comme pour les autres, est de générer des profits avec des stades qui restent vides même lors des grandes affiches. Les patrons de clubs se plaignent souvent du dédain du public, qui a parfois une approche un peu machiste de certains sports.

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Au Japon, on retrouve dans le sport les mêmes inégalités de genre qu’on constate dans les entreprises ou en politique. Cet été, lors de la Coupe du monde féminine de football, aucune chaîne de télévision n’avait voulu payer les droits pour diffuser les matchs de l’équipe japonaise, qui est pourtant l’une des meilleures au monde. Les responsables de la fédération féminine avaient dû commencer à réfléchir à monter une campagne de dons auprès du public. Sous pression, la chaîne publique avait finalement acheté ces droits de diffusion à la dernière minute, pour retransmettre les matchs sur une petite chaîne câblée.

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