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Etats-Unis : en Californie, une loi va permettre aux immigrants illégaux d'obtenir des cartes d'identité

Connue pour être l’un des États américains les plus accueillants avec les sans-papiers, le gouverneur démocrate du "Golden State" vient de signer la loi "AB1766"  qui permet aux personnes arrivées ou restées clandestinement aux États-Unis d’obtenir une pièce d’identité.

Article rédigé par franceinfo, Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le gouverneur de Californie Gavin Newsom, lors d'une conférence de presse le 28 septembre 2022. (JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

La Californie, depuis plusieurs années déjà, permet aux sans-papiers de l’Etat d’avoir un permis de conduire, un document particulier précieux aux États-Unis, puisque, contrairement au système français, il n'y a pas de carte d’identité. Mais que se passe-t-il pour celles et ceux qui ne savent pas ou ne peuvent pas conduire, comme les es personnes âgées atteintes de problèmes de vue, les handicapés ou les personnes trop pauvres pour acheter une voiture tout simplement ?

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Face à ce constat, le gouverneur démocrate du "Golden State", Gavin Newsom,  vient de promulguer la loi "AB1766", dite d'"Une pièce d’identité pour tous", qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2024.

La Californie devient le premier État américain à mettre en place ce système : le document - uniquement valide dans l'Etat - va par exemple aider les nombreux vendeurs de rue, qui s'installent sur les trottoirs de Los Angeles, à demander un permis aux services sanitaires afin de travailler dans de meilleures conditions. Les étudiants, aussi, vont pouvoir en profiter pour accéder à des bourses universitaires. Sans parler d’ouvrir un compte en banque plus facilement ou de convaincre des propriétaires d’appartements que le locataire est bien celui qu’il dit être...

Un face-à-face à distance avec la Floride

Sauf que l’idée ne plaît pas à tout le monde. Deux reproches principaux entendus dans l'opposition : d’abord, le sentiment qu’on récompense les immigrés qui n’ont pas respecté les règles, soit en traversant la frontière illégalement, soit en restant au-delà de la durée de leur visa. Et puis, ensuite, le coût. Combien le contribuable va-t-il payer ? Les autorités estiment que le coût du personnel en charge de vérifier les dossiers et distribuer le document représentera un peu moins de 13 millions de dollars entre 2023 et 2028, mais que la somme sera couverte par les frais d’inscription.    

Et cela contraste avec ce qu’on a vu ces dernières semaines de l’autre côté du pays : comme pour les élections de mi-mandat avec la fameuse "caravane de migrants" qui s’approchait de la frontière américaines, les Républicains ont fait de l’immigration un thème central de la campagne à travers le pays. Et il y a bien sûr cette initiative du gouverneur républicain conservateur de Floride, Ron DeSantis, qui a beaucoup choqué : envoyer en avion des dizaines de demandeurs d’asile vénézuéliens du Texas vers une île du Massachusetts en leur mentant sur la destination et les raisons du voyage. Le communiqué du gouverneur de Californie sur la loi "AB1766" évoque d’ailleurs "ces migrants ciblés cruellement". Son homologue de Floride voulait mettre la pression publiquement sur les démocrates, jugés trop laxistes face à l’immigration illégale. Le gouverneur de Floride et le gouverneur de Californie se chamaillent à distance depuis des semaines. Et pour cause : ils ont tous les deux l’élection présidentielle de 2024 dans un coin de la tête.

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