États-Unis : dans une prison, des détenues apprennent à réparer des voitures grâce à la réalité virtuelle

Dans la prison pour femmes de Jessup, au nord de Washington, les détenues se forment à la mécanique automobile avec des casques de réalité virtuelle, une étape vers leur réinsertion.
Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La prison pour femmes de Jessup dans le Maryland, aux États-Unis, en juillet 2019. (Capture d'écran Google Maps)

La formation a lieu dans une sorte de gymnase de la prison pour femmes de Jessup, entre Washington et Baltimore, sur la côte est des États-Unis. Les détenues enfilent le casque de réalité virtuelle Quest, conçu par Facebook. Elles se retrouvent alors dans un garage pour apprendre à changer l’huile d’une voiture, à changer et équilibrer des pneus, à remplacer des plaquettes de frein. Même si ce n’est pas exactement la même chose que de travailler sur un vrai véhicule, la méthode aurait l’avantage de réduire le coût de la formation de 75%. Et une fois sur le marché du travail, les employeurs n’auraient pas de problème à compléter cette formation, en conditions réelles. Quinze détenues ont reçu leurs diplômes depuis un an. "Ça nous permet d’échapper à cet endroit et ça vous rappelle qu’il y a une vie dehors", a confié l’une des étudiantes à la chaîne américaine CNN.

C’est une collaboration entre les services pénitentiaires du Maryland, qui proposent environ 25 programmes de ce genre, réalité virtuelle ou pas, pour aider à la réinsertion des détenus et l’association "Vehicules for changes", "des véhicules pour le changement" en français. L’association a été fondée en 1999, à l’origine pour que des familles pauvres aient accès à une voiture. L’activité s’est élargie à la formation de mécaniciens en 2016. Pendant la pandémie, l’association a développé, avec une firme spécialisée, un logiciel de réalité virtuelle, puisqu’il était difficile de former autant de personnes en présentiel. "Vehicules for changes" s’attend à voir la méthode se répandre d’ici cinq ans dans les prisons et ailleurs. Sachant que dans le cas de la mécanique, le secteur manque de main d’œuvre.

Faire baisser le taux de récidive

Les statistiques des taux de récidive sont impressionnantes. Un tiers des ex-détenus sont arrêtés dans l’année qui suit leur sortie de prison. Au bout de cinq ans, les chiffres montent à 75%. Trouver un métier limite généralement le risque de récidive. Aux États-Unis, 600 000 hommes et femmes sortent de prison chaque année. Mais la formation des détenus ne fait pas l’unanimité. Pourquoi donner une éducation gratuite à un criminel ou à un délinquant quand des gens honnêtes n’en ont pas forcément les moyens ? Une étude estime que chaque dollar investi dans l’éducation d’un prisonnier permet d’en économiser cinq sur la durée.

D’autres prisons que celles de Jessup ont recours à la réalité virtuelle. La presse américaine donne l’exemple d’un quadragénaire emprisonné depuis 20 ans qui fait ses courses dans un casque de réalité virtuelle pour s’habituer à un retour à une vie normale, sachant, par exemple, qu’il n’y avait pas de caisse automatique ou d’Internet quand il a été mis derrière les verrous. Dans le Michigan, un programme-pilote a servi à préparer des détenus à de futurs entretiens d’embauche grâce à la réalité virtuelle. Les participants à ce programme auraient eu sept fois plus de chances que les autres de trouver du travail dans les six mois de leur sortie de prison.

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