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En Corée du Sud, la question des 69 heures de travail par semaine est sur la table

Alors que le pays connaît une pénurie de main d'œuvre, le gouvernement envisage un système d'heures supplémentaires qui permettrait d'atteindre 69 heures de travail effectif par semaine, lors des pics d'activité.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Sud-Coréens dans une gare de Séoul, le 20 janvier 2023. (JUNG YEON-JE / AFP)

En plein débat en France sur la réforme des retraites, la Corée du Sud s’interroge aussi sur son rapport au travail. Et elle se demande s’il ne faudrait pas, en fait, permettre à chaque entreprise de définir un travail à la carte : un système où chacun s’adapterait au niveau d’activité dans son secteur. Lorsque la demande est forte, on pourrait ainsi travailler légalement jusqu’à 69 heures par semaine. Mais en échange, on aurait plus de congés.

En Asie, le rapport au travail est très différent de celui vécu en France. Dans les pays riches de la zone comme le Japon, la Corée du Sud ou Taïwan, il n’y a presque plus de chômage du fait de l’effondrement démographique et du refus de l’immigration. Toutes les entreprises souffrent donc de pénuries de main d’œuvre. Leur problème : arriver à solliciter toujours plus leurs employés. Et les gouvernements cherchent un moyen de les satisfaire pour ne pas pénaliser l’économie, mais sans toutefois mettre en péril la qualité de vie des citoyens. 

Un volume d'heures supplémentaires à la carte

En Corée du Sud, où il y a un grand débat en ce moment sur le sujet, la loi dit que la semaine de travail est officiellement à 40 heures, mais que les entreprises ont le droit au maximum à 12 heures supplémentaires par semaine. On peut donc légalement travailler 52 heures par semaine. Petite exception, dans les PME : si vous avez moins de 30 employés, vous pouvez demander à vos équipes de faire 8 heures supplémentaires en plus du montant légal. Ainsi, dans les petites entreprises, les restaurants pu les petits commerces, on peut légalement travailler aujourd’hui 60 heures. Les 40 heures normales et 20 heures en plus, mieux payées.

Et ce système doit être réformé. En théorie, les exceptions accordées au PME doivent s’arrêter cette année et les petites sociétés devraient adopter la semaine de 52 heures, comme tout le monde. Sauf qu’elles font un gros lobbying auprès du gouvernement conservateur pour dire qu’elles ne peuvent pas. Elles disent que ces restrictions vont les tuer, car il est impossible d’embaucher en ce moment : il n’y a plus de travailleur disponible. 

Le gouvernement cherche une parade et il veut proposer une sorte de système à la carte. Les entreprises pourraient lisser les heures supplémentaires sur l’année ou sur le trimestre. En gros, vous pourriez demander à votre employé de travailleur jusqu’à 69 heures par semaine quand il y a beaucoup de travail. A Noël, si vous êtes un livreur, l’été si vous êtes un fabricant de glace. Mais en échange, il faudra lui donner plus de vacances quand l’activité est calme. 

Cette réforme ne plaît pas du tout à tout le monde. Elle satisfait les patrons de PME et les employés qui veulent toujours accumuler les heures supps pour avoir un plus gros salaire. Mais en revanche, beaucoup d’associations disent que le texte est malsain et qu’il va enore plus user les travailleurs et rendre impossible une vie de famille équilibrée. Comment est-ce qu’on s’occupe des enfants quand les parents travaillent tous les deux 69 heures par semaine ? C’est déjà l’un des grands problèmes du pays qui ne fait plus de bébé.

La loi va être présentée formellement le mois prochain et le débat s’annonce très chaud au Parlement.

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