Cinéma : à Hollywood, les "super fans" vont pouvoir influer sur les directions prises par les producteurs
Hollywood organise depuis des décennies des "tests screenings", des projections devant un petit groupe pour "tester" un film. Les studios vont apparemment mettre en place un autre type de groupes, rassemblant des "super fans" de franchises comme Star Wars ou Harry Potter, pour essayer d’éviter que les choix faits par les producteurs sur de nouveaux projets créent des polémiques.
L’hebdomadaire spécialisé Variety évoque de cette tendance article en anglais, jeudi 3 octobre,sans vraiment donner de détails. Les studios veulent visiblement demander leur avis à ce que le magazine appelle des "super fans", mais plutôt sur des aspects marketing : comme, quoi mettre en avant ou pas. Un cadre de studio explique que ces fans pourront alerter les producteurs que, s’ils décident de partir dans une certaine direction, Ils risquent de s’exposer à de fortes critiques, ce qui peut desservir le projet pendant la promotion. Si le tournage n’est pas terminé, on peut même envisager que des éléments soient corrigés en cours de production. Variety évoque également des "camps d’entraînement aux réseaux sociaux" pour préparer les acteurs à ce qu’ils vont lire sur eux. Il est même arrivé qu’un studio prenne en main les comptes d’un acteur pour gérer la tempête sur Internet.
Hollywood souhaite ainsi faire face aux fans toxiques, prêts à harceler et menacer en ligne les créateurs d’une série qui auraient manqué, selon eux, de respect au matériau original ou l’acteur qui incarne un personnage détesté. Pour beaucoup de fans, le réalisateur du dernier Jedi, sorti au cinéma en 2017, a trahi l’esprit de Star Wars, par exemple. On a aussi vu des fans publier des propos négatifs avant même que le projet ne soit terminé ou diffusé, voire organiser des campagnes de dénigrement. Quand Amazon a produit Les Anneaux de Pouvoir, une adaptation du Seigneur des Anneaux, des fans de Tolkien ont été furieux de voir des nains joués par des acteurs noirs. Le film SOS Fantômes, centré sur des personnages féminins, a été attaqué. Un épisode de Last of Us, l’adaptation d’un jeu vidéo célèbre, qui mettait en scène un couple homosexuel, a également agacé. Dans ces cas-là, le débat ne porte plus vraiment sur l’authenticité de l’œuvre.
De nombreux films modifiés dans le passé
Le cinéma américain répond aussi à la demande du marché, et les "super fans" garantissent d’avoir des salles pleines le week-end de la sortie d’un film, donc autant essayer de leur plaire. Et puis les "test screenings", ce n’est pas nouveau. Le début de Sunset Boulevard, chef-d'œuvre de 1950, a été modifié à l’époque parce que le public test avait ri alors qu’il s’agissait d’un film noir. Steven Spielberg a dû réarranger la fin de E.T. Les exemples sont nombreux. La différence, c’est qu’avec les réseaux sociaux, les studios s’exposent à une avalanche de commentaires négatifs, voire toxiques, et veulent un peu de tranquillité, ou en tout cas limiter un buzz négatif, qui ne serait même pas lié à la qualité intrinsèque du projet. La question est de savoir si les superfans doivent être intégrés, même de loin, à la conception d’un projet. Ils peuvent garantir le respect de l’esprit d’une franchise, mais ils peuvent aussi s’opposer à toute idée nouvelle ou réclamer le retour d’un personnage qu’ils adorent au nom de la nostalgie.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.