Aux États-Unis, une start-up propose de parier sur le résultat de l'élection présidentielle
Parier sur un candidat devient possible aux États-Unis. Une juge a autorisé en septembre une start-up américaine à prendre les paris concernant la question : qui contrôlera la Chambre des représentants et le Sénat lors des élections du 5 novembre prochain ? Dans les faits, il était déjà possible de parier sur les élections, mais de manière détournée grâce à des sites Internet basés à l’étranger.
C’est un peu comme quand la Belgique annonce les résultats de l’élection présidentielle française avant que les médias français en aient le droit. Parmi ces sites, on retrouve, par exemple PredictIt en Nouvelle-Zélande, une association à but non-lucratif associé à une université, Victoria University of Wellington. L’objectif premier reste la collecte de données. Autre plateforme, installée à New York, Polymarket, qui brasse déjà des dizaines de milliers de dollars en permettant de parier un peu sur tout, et donc aussi sur la politique. Les autorités ont bloqué la plateforme aux États-Unis en 2022, mais elle peut opérer à l’étranger et reste donc accessible grâce à un VPN. Les tendances de ces deux plateformes ont aussi été citées par Fox News en plus des sondages, plus traditionnels. Le site Politico signale que le patron de Polymarket a dîné avec Donald Trump ou organisé une soirée pendant la convention démocrate.
Au début du mois de septembre, une juge de Washington a donné raison à Kalshi, une start-up qui a contesté devant la justice une interdiction de la CFTC, une agence américaine de régulation opposée à toute légalisation du pari politique. "Il est finalement temps de laisser les marchés montrer au monde à quel point ils sont capables de lire à travers le tumulte et nous donner plus de vérité sur ce que nous réserve le futur ", s’est réjoui le patron de Kalshi, qui, comme d’autres, estime que les paris ont le potentiel d’en dire plus que les sondages sur ce que pensent les électeurs. La CFTC a fait appel, donc le flou juridique demeure, mais pendant les quelques heures pendant lesquelles Kalshi a pu opérer légalement et proposer aux Américains de parier sur les résultats des élections à la Chambre des représentants et au Sénat, elle dit avoir reçu 50 000 paris.
Des effets sur l'opinion publique
Cette agence américaine de régulation s'oppose aux paris sur la présidentielle, car elle estime que les effets peuvent être désastreux pour le public alors qu’une partie de l’Amérique, Donald Trump et Elon Musk en tête, met en cause l’équité du processus électoral. Elle s’inquiète aussi de l’incitation financière à voter pour un candidat ou pour un autre. Quand on voit ce qu’il s’est passé le 6 janvier 2021, avec l’assaut du Capitole, qu’imaginer si on ajoute dans l’équation la frustration d’avoir perdu de l’argent à cause du résultat de l’élection ? On peut toujours rétorquer qu'avec les coûts stratosphériques d’une campagne ou le poids des lobbies, l’argent est déjà central dans les élections.
Le pari sportif s’est aussi largement répandu depuis six ans à travers le pays, ce qui le rend ordinaire. Mais au-delà des risques de manipulations, est-ce qu’on peut imaginer, comme lors d’un match de foot, des interruptions pendant les soirées électorales pour écouter les cotes des différents candidats sponsorisés par tel ou tel site ?
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