Aux États-Unis, une luthière française fabrique des guitares écolo en champignon

On utilise habituellement du bois de qualité comme l’acajou ou les palissandres pour fabriquer des guitares. Mais ces arbres sont rares et certaines essences sont désormais protégées. Rachel Rosenkrantz a donc décidé d’expérimenter des matériaux biodégradables.
Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Rachel Rosenkrantz présente un ukulele fabriqué en champignon, le 21 juin 2023. (ANGELA WEISS / AFP)

Elle s’appelle Rachel Rosenkrantz. Elle a grandi à Montfermeil, en banlieue parisienne, mais s’est installée il y a quelques années dans le Rhode Island, sur la côte nord-est des États-Unis. Cette fille de tailleurs raconte à CNN [article en anglais] qu’à 21 ans, elle a tenté de devenir luthière alors qu’elle étudiait le design. Sauf que plusieurs luthiers lui ont dit qu’elle était déjà trop âgée pour la profession. Elle a mis l’idée entre parenthèses jusqu’à son arrivée aux États-Unis où elle a suivi une formation et a commencé à confectionner des guitares en s’appuyant sur son amour de la musique mais également sa connaissance du design. 

Rachel Rosenkrantz explique qu’elle a vu que l’automobile ou le textile utilisaient des biomatériaux. Alors pourquoi pas le faire dans une industrie qui produit deux millions et demi de guitares rien qu’aux États-Unis ? Pour faire une guitare, normalement, vous sculptez, vous découpez le bois. Là, Rachel Rosenkrantz dépose des champignons, du mycélium en l’occurrence, dans un moule de guitare et laisse la nature faire son effet. Le champignon sèche en quelques jours. Le son produit est un peu différent d’une guitare classique, admet la luthière, mais il circule aussi bien qu’avec du bois. 

Elle a aussi fabriqué un banjo avec du cuir de kombucha et cette apicultrice amatrice a recyclé les morceaux d’une ruche pour faire une guitare. Et puis, pendant la pandémie, après avoir mangé des œufs au petit-déjeuner, elle a même essayé de voir ce qu’elle pouvait obtenir avec de la coquille d’œuf. Elle n’utilise pas de plastique non plus, remplacé par de la peau de poisson. C’est plus résistant et plus malléable que la plastique selon elle.

Pour l’instant, cela coûte trop cher, reconnaît Rachel Rosenkrantz. Elle voudrait trouver un accord avec un grand fabriquant et les vendre 50 dollars pour que chaque enfant puisse en avoir. En attendant, l’un de ses modèles peut coûter autour de 4 000 dollars quand on en trouve facilement pour 20 fois moins dans le commerce. Sa production n’est évidemment pas industrielle et l’acheteur est impliqué dans la conception d’une guitare sur mesure avec des points réguliers faits avec lui. Mais si vous voulez le modèle Honfleur ou les Yvelines sous le sapin, ce ne sera pas pour Noël 2023.  La liste d’attente est de deux ans.

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