Un Goncourt en BD
Faire une BD d’un prix Goncourt, il fallait oser. Évidemment, si c’est l’auteur lui-même qui le demande, ça change tout. Plus encore, si l’écrivain se pique de signer le scénario.
Chez Christian de Metter, la nuance passe par des teintes brouillées ocre et sépia. Il porte au bout de son pinceau les tourments de l’âme. Son réalisme mélancolique va bien aux personnages qui vont mal. Un savoir-faire remarqué notamment dans ses adaptations de Shutter island de Dennis Lehanne et du Scarface d’Armitage Trail. On lui doit aussi un précédent récit sur fond de Première guerre mondiale. Le sang des Valentines avait reçu le Prix du public à Angoulême.
Se confronter aux gueules cassées lui permet de fouiller son thème de prédilection : l’identité, la construction et la destruction d’un individu. Et de relever le défi qui consiste à faire passer dans un même mouvement la monstruosité d’un visage brisé et la douceur, la poésie d’un être sensible.
Ajoutez une pincée de loufoquerie, un brin de délire et une grosse arnaque montée dans une France des années 1920 qui ne reconnait plus ses enfants.
Au revoir là-haut , Lemaitre, de Metter aux éditions Rue de Sèvres.
Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.
Mako, Rumi, et Chii , d’Osamu Tezuka, chez Black Box
La famille Ôsamu est sur le point de connaître un grand bouleversement. Tetsurô s'est toujours consacré entièrement à son travail de mangaka, mais il va désormais devoir faire des concessions, car son premier fils est sur le point de naître. Et s'il trouve son rôle de père difficile à assumer, il ignore encore ce qui l'attend avec ses deux filles, dans quelques années…
Publié pour la première fois entre 1979 et 1981, Mako, Rumi et Chii est une œuvre partiellement autobiographique, dans laquelle Osamu Tezuka dresse un portrait de sa famille, et de ses premières années en tant que père. Le mangaka apparaît complètement perdu face à ce changement de vie et avoue avoir passé plus de temps à dessiner qu’à s’occuper de ses enfants. Graphiquement, on reconnaît tout de suite le trait de Tezuka, son découpage et on prend beaucoup de plaisir à la lecture de ce titre.
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