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Sortie du huitième tome des Cahiers d'Esther : "J'ai l'impression que c'était hier que je commençais ses histoires en CE2", se souvient Riad Sattouf

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Article rédigé par franceinfo
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Riad Sattouf publie ce jeudi le huitième tome des "Cahiers d'Esther", où il poursuit son observation du monde par les yeux d'une petite fille qui a fini par grandir.

Alors que le huitième tome des Cahiers d'Esther, "Histoire de mes 17 ans", est sorti jeudi 1er juin en librairie, Riad Sattouf se replonge dans le parcours de son personnage de BD, inspiré de la fille d'un couple d'amis depuis ses débuts en 2015. "J'ai l'impression que c'était hier que je commençais ses histoires en CE2", se souvient l'auteur sur franceinfo.

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"Je ne pensais pas que ça irait aussi vite !" Riad Sattouf raconte comment il l'a dessinée "au jour le jour" pendant huit ans et comment Esther a "grandi d'elle-même en dessin". "Ça s'est passé de manière totalement inconsciente", explique-t-il. "J'avais envie de rester en contact avec ce qu'il y avait dans la tête des jeunes et de comprendre le monde à travers eux. C'est très positif de rester en contact avec eux et très agréable à observer de voir qu'ils prennent les problèmes à bras le corps."

franceinfo : Qu'est-ce qu'elle a grandi Esther !

Riad Sattouf : C'est un peu ce que je me dis aussi quand je la dessine ! C'est incroyable, j'ai l'impression que c'était hier que je commençais ses histoires en CE2 et où elle jouait à des jeux un petit peu inconscients dans sa cour. Maintenant, elle aussi attend les résultats de Parcoursup jeudi (rires). Je pense que ça va inspirer ma prochaine page ! Au départ, j'avoue avoir lancé ce projet en me disant que j'allais la suivre jusqu'à ses 18 ans et en faire un album par an, en cachant sa vraie identité. Mais je ne pensais pas que ça irait aussi vite !

Comment l'avez-vous accompagnée dans le dessin ?

C'est assez étrange parce qu'en tant que dessinateur, je dessine au jour le jour. Je fais une page toutes les semaines et je ne me pose jamais en me disant que je vais faire grandir mon personnage. En fait, elle grandit d'elle-même en dessin. C'est ça qui est assez étrange.

"Quand je regarde la façon dont je la dessine aujourd'hui et la façon dont je la dessinais il y a dix ans. Ce n'est plus la même façon, mais ça s'est passé de manière totalement inconsciente"

Riad Sattouf, auteur

à franceinfo

Quand elle était plus jeune, elle était extrêmement volubile, un peu inconsciente et cruelle, disons. Et là, évidemment, avec l'adolescence, elle a un petit peu changé, un petit peu cynique. Elle a pris un peu les hormones dans la tronche, donc c'est un peu moins facile, mais c'est toujours aussi rigolo.

Êtes-vous un spécialiste du langage des jeunes ?

C'était aussi une des raisons pour laquelle je me suis lancée dans les Cahiers d'Esther déjà. D'un point de vue purement personnel et humain, comme tout le monde, je vieillis et donc j'avais envie de rester en contact avec ce qu'il y avait dans la tête des jeunes et de comprendre le monde à travers eux, d'essayer d'explorer leur univers qui est un petit peu imperméable. Esther, c'est une sorte d'agente secrète dans le monde des jeunes. Mon expression préférée, c'est "en mode". Je suis "en mode" quelque chose.

>> Bande dessinée : les secrets du phénomène Riad Sattouf

Ça vous passionne aussi de suivre une jeunesse qui se heurte à des problématiques qui changent avec le temps ?

Ce qui m'a aussi stupéfié, c'est le nombre d'événements historiques qui ont traversé la vie d'une si jeune personne. Il y a eu plusieurs présidentielles, la victoire de Donald Trump, la pandémie, la guerre en Ukraine. Au jour le jour, on ne s'en rend pas compte, mais en regardant dans le rétroviseur, c'est vrai que ce n'est pas facile pour les jeunes. Avec tout ce qu'ils vivent et tout ce dont ils ont conscience, avec ce monde qui est de plus en plus conscient de lui-même, où on sait exactement comment les gens vivent à l'autre bout de la planète, il n'y a plus de d'enchantement.

"On a toujours tendance à penser que les nouvelles générations sont catastrophiques par rapport à celles d'avant. Je ne le pense pas du tout"

Riad Sattouf, auteur

à franceinfo

Je trouve que c'est très dur pour Esther d'être tout le temps avec les écrans, les sollicitations permanentes, le harcèlement en ligne ou à l'école, et de réussir à garder quand même une vision très positive comme elle le fait. C'est très agréable à observer.

Est-ce votre obsession de laisser une part d'optimisme dans ce personnage?

De toute façon, c'est elle qui est comme ça. C'est quelque chose de très rassurant ! Moi, évidemment, je vieillis, le temps passe, je m'effondre lentement comme le climat, mais ça fait toujours plaisir de voir que les jeunes ont envie de prendre le problème à bras le corps. Ce n'est pas du tout déprimant. C'est très positif, je trouve de rester en contact avec les jeunes.

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