Ovale et rond
Le dessin de Jean Harambat est doux et rugueux. Comme l’homme qui tient le crayon. Harambat est un gaillard au regard franc, solidement bâti. Pas un grand costaud non plus. Et surtout pas une brute. A lire sa bande dessinée de saison, on comprend vite quand même qu’il ne fuit pas le combat quand il se trouve sur un terrain de rugby. Ou plutôt se trouvait, il y a peu encore, car, passé la trentaine, il a rangé ses crampons.
_ « En même temps que la jeunesse » -c’est le titre de ce livre qui tient dans la main comme un roman- est une étonnante façon d’égrener les souvenirs pour celui qui partit en Argentine, au Brésil, au Botswana donner ses jeunes années à l’action humanitaire. Le rugby y apparaît comme un fil rouge qui lui permet partout, ajoutons l’Angleterre, l’Ecosse, et l'Espagne, de trouver une communauté de cœur et d’action. A le lire, on réalise à quel point le rugby unit les hommes dans une presque religion.
_ Cette bande dessinée est construite en très courts chapitres, qui tous portent le nom d’une combinaison de jeu que les artistes d’ovalie reconnaitront parfois, découvriront aussi sans doute tant la géographie du dessinateur, passé du centre à l’aile et des bords de l’Adour aux terrains de Buenos Aires, est variée. A l’image de son parcours. Fils d’agriculteur, Harambat a fait l’ESSEC, la grande école de commerce, et suivit également des études de philo à Nanterre avant d’être auteur de bande dessinée. Un garçon formidable, vous dis-je. Et un livre émouvant, pour peu, sans être forcément un spécialiste, que l’on éprouve un frisson quand deux équipes entrent sur le champ.
_ Jean Harambat dédie sa BD « à (ses) coéquipiers ». Ils courent tous dans les pages de « En même temps que la jeunesse » qui parait chez Actes Sud BD et que l’on dégustera avec bonheur entre deux rencontres de la coupe du monde de rugby qui commence en Nouvelle-Zélande.
_ Qui ne connaît pas Pif le chien et le chat Hercule ? Pendant des décennies, Pif a même eu son hebdomadaire : Pif Gadget ! Mais qui connaît son créateur ? Il s’appelait C.Arnal, José Cabrero Arnal, dessinateur espagnol, "un crayon rouge" comme le qualifie Philippe Guillen qui signe une biographie abondamment illustrée aux nouvelles éditions Loubatières. Le livre rend hommage a celui qui défendit la République espagnole et fut déporté à Mauthausen avant, enfin, de faire sourire des générations d’enfants de son trait rond et attachant dans les pages de Vaillant et de Pif.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.