Cet article date de plus de neuf ans.

Mettre la musique en BD

Sandrine Revel signe une belle évocation du pianiste Glenn Gould. Avec le noir et blanc de Munoz et Sampayo, Billie Holiday brille comme l'or.
Article rédigé par Laetitia de Germon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Sandrine Revel, Dargaud / Munoz, Casterman)

Le canadien Glenn Gould était un génie du piano. Il a notamment révolutionné l’interprétation des œuvres de Jean-Sébastien Bach. Ses enregistrements des variations Goldberg font partie des indispensables d’une discothèque classique. La personnalité de l’artiste, atypique, iconoclaste, a fasciné le public, des années 1950 à sa mort en 1981. Une véritable communauté de fans a accompagné sa carrière. La dessinatrice Sandrine Revel est de ceux-là. Dans son album"Glenn Gould, une vie à contretemps ", de l’enfance du maître à ses derniers instants, les moments choisis : les voyages, les nuits d’hôtel, la maladie, les bonheurs fugaces et, toujours, le retour au clavier avec des gestes millimétrés, intenses et retenus, composent des planches construites comme une partition rehaussée d’une palette de couleurs touchée par la grâce. Sandrine Revel est évidemment pianiste, cela se voit. On pourrait presque dire que ça s’entend. Technique et sensible, "Glenn Gould, une vie à contretemps " par Sandrine Revel, aux éditions Dargaud.

A chaque musique, son dessin. Pour convoquer la grande "Billie Holiday ", inoubliable voix dont on a commémoré cette année le centenaire de la naissance, il fallait le noir et blanc brisé, violent de Munoz et Sampayo. Casterman propose une belle réédition d’une histoire parue il y a une quinzaine d’années et qui sonne comme une jazz session . La complice, la Lady Day de Louis Armstrong et Lester Young y est confrontée à l’Amérique blanche et policière qui ne voit en elle qu’une prostituée alcoolique et toxicomane qui va s’éteindre à 44 ans. Pour s’installer en bonne place sur l’Olympe de la musique. 

  (info manga 635)
 

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.

Your Lie in April, de Naoshi Arakawa, chez Ki-oon : Écoutez, vous lisez un manga

  (Shigatsu wa kimi no uso © Naoshi Arakawa / © Kodansha Ltd. / © Ki-oon)

A 11 ans, Kôsei Arima est déjà un virtuose du piano. Formé avec la plus grande sévérité par une mère qui lui inflige d’interminables séances de répétition, il écume inlassablement tous les concours nationaux, où son talent éblouit les juges. "Tu réussiras là où j’ai échoué ! Tu seras célèbre en Europe ", lui assène sa mère. Mais le jour où sa mère meurt d’une longue maladie, Kôsei fait un blocage psychologique et perd complètement la faculté de jouer. Il n’entend plus le son du piano quand il essaie de jouer.

Quelques années plus tard, le destin place sur son chemin Kaori, une violoniste dont l’approche de la musique diffère totalement de la sienne. Si Kôsei est une véritable machine à restituer les partitions à la perfection, Kaori, elle, préfère s’approprier les œuvres et les réinterpréter à sa manière. Cette rencontre va bouleverser sa vie. "Tout nous oppose… mais la musique nous réunit ! "

Drôle, émouvant et prenant, Your Lie in April se lit aussi bien qu'il s'écoute. Le découpage et la mise en scène donnent l’impression au lecteur que les doigts des personnages sont réellement en mouvement. Par moment, on a presque la sensation d’entendre les notes de musique. Un sentiment partagé par George Morikawa (auteur de Hajime no Ippo) "Ce manga surmonte avec brio la plus grande faiblesse inhérente au manga : arriver à nous faire entendre le son ! "

Pour ceux qui le souhaitent, le manga propose des QR code à flasher pour pouvoir écouter le morceau dont il est question dans le chapitre ou des liens Youtube.

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.