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Le papa de Tronchet

Tronchet, le roi de la déconnade en BD, change de registre. Avec "Le fils du Yéti", il dévoile sa fêlure la plus intime : l'absence du père, mort trop tôt.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (©)

A
visiter l'exposition Gotlib au Musée d'art et d'histoire du judaïsme, à Paris,
on réalise combien le maître de la BD d'humour des années 1970 cachait ses
fêlures derrière ses grosses poilades. On s'en rend particulièrement compte
lorsqu'on redécouvre ses histoires les plus personnelles, qui parlent de son
enfance.

Le
même sentiment nous étreint en découvrant Le
fils du Yéti
. Il s'agit de la nouvelle bande dessinée de Tronchet. Lequel,
avec ses personnages emblématiques : Jean-Claude Tergal, Raymond Calbuth,
s'est fait plus qu'un nom à succès : un blason, une devise. "Ici, on
déconne
". Au point d'agacer parfois, semblant ne rien vouloir prendre au
sérieux, excepté le vélo qu'il pratique de manière quasi-religieuse. Mais ça,
comme dit la pub, c'était avant. Avant de prendre le large, de vivre en
Amérique du sud, puis au milieu de l'Océan indien. Avant de fonder famille.
Avant d'écrire un roman, passé un peu inaperçu et qu'il vient d'adapter en BD.

Le personnage, un jeune célibataire,
maladroit avec la voisine pour qui il a un petit béguin, s'occupe gentiment de son
neveu.  A la suite de l'incendie de son
immeuble, il découvre que son père, mort quand il était enfant, lui avait
laissé une lettre qu'il n'a jamais lue. Le ton est doux-amer ; le rire
fait place à un sourire ému. Derrière la fiction, une vérité, celle de Didier
Tronchet. Le fils du Yéti , c'est lui.

Le fils du yéti , Didier Tronchet, dans la collection écritures des éditions Casterman. 

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Laetitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Laetitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.

Reversible man , de Nakatani D., chez Komikku

Depuis quelque temps, la ville bruisse de folles rumeurs sur la multiplication de cadavres à l'aspect totalement répugnant, bientôt appelés les "retournés". Certains pensent que les victimes ont été emportées par une mystérieuse épidémie, tandis que d'autres voient dans ces corps affreusement déformés, la preuve irréfutable d'un trafic d'organes perpétré par la mafia du sud-est asiatique...
Mais seule une jeune fille connaît la vérité qui se cache derrière cette macabre légende urbaine.

Réservé à un public averti, Reversible man ravira les amateurs de thriller, de gore, d'hémoglobine et de gunfight. L'histoire, servie par des traits précis et de nombreux détails, fait des allers-retours entre passé et présent, et propose pour les plus avides de détails le processus de création des retournés. Captivant, ce manga pourrait être un one-shot car il y a une histoire dans l'histoire, mais pour notre plus grand plaisir il reste encore deux tomes à venir.

La tour fantôme , de Tarô Nogizaka, chez Glénat

En 1952, une vieille femme est retrouvée, les os brisés, attachée aux aiguilles du cadran d'une horloge au sommet d'une tour. Deux ans plus tard, Amano Taïchi est victime de la même agression, dans ce lieu que l'on surnomme désormais la "Tour fantôme". Mais il est sauvé in extremis par Tetsuo, un garçon étrange en quête d'un trésor lié à l'inquiétante tour. L'appât du gain entraîne alors Amano dans une aventure aussi inattendue que dangereuse...

Taro Nogizaka propose une adaptation très libre et en image de Yuureito , un roman de Ruiko Kuroiwa, et l'une des nombreuses versions de Une Femme dans le gris , roman d'Alice Muriel Williamson paru en 1898. Ambiance glauque, horreur, suspense, ce thriller a tout pour appâter le lecteur. Une atmosphère envoutante au graphisme détaillé, fin, loin d'être gore, et qui peut surprendre à tout moment.

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