L'homme qui n'a pas vu l'ours
Avec "La Dernière Reine", Jean-Marc Rochette réalise son oeuvre la plus personnelle. Il y parle des montagnes qu'il chérit, met en scène sa colère de vieil écologiste outré par le sort que l'homme réserve à la nature, dépeint un personnage à gueule cassée qu'il fut, après un accident d'alpinisme, et redécouvre l'amour.
Jean-Marc Rochette est sûrement le dessinateur français qui vit le plus haut : à 1600 m d’altitude, dans les Alpes, au centre du massif des Écrins. Comme chaque année, il se prépare d’ailleurs à passer trois mois, coupé du monde, quand la neige et les avalanches auront recouvert la route de la vallée.
La dernière ourse du Vercors
Dans sa nouvelle BD, l’amoureux de la montagne évoque la dernière ourse du Vercors, tuée en 1898. C’est une date qu’il aimerait que l’on retienne, comme on le fait des événements politiques ou des découvertes scientifiques.
"J’ai trouvé que c’était une date symbolique. J’ai voulu parler d’un animal qui avait régné sur le plateau pendant 300 000 ans. C’est assez fort. Ce sera la même chose quand on tuera le dernier gorille sauvage d’Afrique."
Rochetteà franceinfo
Rochette travaille au pinceau, d’un geste sûr et sec, qui rend toute la force de la nature et la puissance de la montagne. Il se fait doux en revanche quand il représente les animaux, les sangliers, les renards et, bien sûr, son ourse autour de laquelle il tourne presque amoureusement.
Il l’avait d’ailleurs sculptée avant de la mettre en scène. Ses sculptures sont exposées à Grenoble, sa ville d’origine, pour accompagner la sortie de cette longue, dense, profonde et copieuse bande dessinée de 235 pages. Il s'agit sans aucun doute de son livre le plus personnel. On y retrouve l’alpiniste qu’il fut, et l’écologiste en colère qu’il est depuis 50 ans.
La Dernière Reine, de Jean-Marc Rochette, aux éditions Casterman.
Le dernier Adèle Blanc-Sec
Tardi dit adieu à Adèle Blanc-Sec. Il met un point final au feuilleton qu’il a démarré en 1976, faisant, à l’époque, de son aventurière en chapeau, une des rares héroïnes de BD du XXe siècle.
Au commencement, il y eut Adèle et la bête, une histoire de ptérodactyle revenu du fond des âges pour semer la panique dans le Paris de 1911. Tout se termine avec le dixième album. Ça dézingue à tout va. Tardi envoie tout balader. Il ne veut rien laisser derrière lui. Gare à qui oserait reprendre son personnage quand il aura disparu.
Adèle Blanc-Sec, Le Bébé des Buttes-Chaumont, aux éditions Casterman.
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