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"Il faut dessiner comme on a envie, ne pas s'autocensurer" : l'autrice de BD Catherine Meurisse en majesté aux Rencontres de l'illustration

Première à faire entrer en 2022 la bande dessinée au sein de la prestigieuse Académie des Beaux-Arts, Catherine Meurisse fait l'objet d'une exposition aux Rencontres de l'illustration qui se tiennent depuis ce week-end à Strasbourg.
Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Catherine Meurisse, le 16 mars, à Strasbourg. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Quelle place aujourd’hui pour les femmes dans le secteur du dessin, de l’illustration, de la bande dessinée ? C’est la question centrale des Rencontres de l’illustration, qui ont débuté samedi 18 mars à Strasbourg et durent jusqu’à début avril. L’événement qui propose également une exposition consacrée à l’œuvre et au parcours de l’autrice Catherine Meurisse au musée Tomi-Ungerer.

Après avoir été la première à faire enfin entrer la bande dessinée, fin 2022, au sein de la prestigieuse Académie des Beaux-Arts, Catherine Meurisse entre aussi désormais au musée avec cette exposition, ce qu’elle prend avec un mélange d’amusement et de fierté : "C'est vraiment un honneur et un plaisir pour moi, sourit-elle. Les musées, ce sont vraiment des lieux vivants, des lieux de surprises, d'émotions, de découvertes, d'apprentissage, et je suis très contente d'en faire un peu partie."

Dessin de Catherine Meurisse exposé au musée Tomi-Ungerer à Srasbourg. (CATHERINE MEURISSE / DRAGAUD / MUSEE TOMI-UNGERER)

Une exposition qui présente ses thèmes favoris, comme la nature, et revient sur sa carrière, les illustrations jeunesse par exemple à ses débuts, et bien sûr Charlie Hebdo qui l’embauche en 2005 lorsqu’elle a 25 ans, et qu’elle a quitté peu après l’attentat de janvier 2015. Une meurtrissure et un vide qu’elle apaisera dans son très beau livre La Légèreté dans lequel elle rendait aussi hommage aux artistes qui l’ont inspirée, mais sans faire de hiérarchie entre eux. "J'essaie d'ouvrir les fenêtres le plus souvent possible et de jeter des passerelles entre les arts où rien n'est fait, souligne Catherine Meurisse. Pour moi, il n'y a pas de hiérarchie. Quand on regarde les dessins de Léonard de Vinci, on voit qu'il y a des petits croquis qui ressemblent à des cartoons. Un Gotlib savait très bien dessiner aussi... comme un Léonard de Vinci !"

"Il y a toujours des allers-retours, de cet art qu'on qualifie de noble, à l'art populaire. Il n'y a pas un art qui écraserait un autre."

Catherine Meurisse

à franceinfo

Grande admiratrice de Claire Brétecher, longtemps seule femme ou presque dans un milieu très masculin, Catherine Meurisse assure ne jamais avoir souffert de sexisme, y compris dans une équipe de Charlie au fort taux de testostérone. "Je crois tout simplement que j'ai eu la chance de rencontrer des gens intelligents, décrit l'autrice. Mais ce que j'ai appris à Charlie, c'est la répartie, le sens de la répartie, l'esprit critique. C'est ce qui fait que quand je suis entrée dans le milieu de la bande dessinée – il y a bien sûr du sexisme, encore aujourd'hui – j'avais les réponses adéquates. Il y aura toujours du boulot, même si en effet, il y a des figures dans l'illustration, dans le dessin, dans la BD, très visibles et tant mieux et tant mieux."

"Il faut prendre la place et faire ce qu'on a envie de faire et se raconter comme on a envie de se raconter. Dessiner comme on a envie de dessiner, ne pas s'autocensurer. On n'a pas à réfléchir à qui on est, quel sexe on a, on doit dessiner, point barre."

Catherine Meurisse

à franceinfo

Rejointe depuis peu parmi les académiciens par un autre auteur de BD, Emmanuel Guibert, Catherine Meurisse nous promet que malgré les apparences, l’ambiance peut être rock'n'roll sous la coupole.

L'autrice de BD Catherine Meurisse en majesté aux Rencontres de l'illustration - écoutez le reportage de Matteu Maestracci

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